Responsables de presque 3 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine, les navires de transport maritime ont un rôle majeur à jouer dans la réduction des émissions de carbone. Objectif : baisser de moitié les émissions de la filière d’ici 2050.
Nous sommes en avril 2018 à Londres, au Royaume-Uni. Cent États sont représentés au cœur du siège de l’Organisation maritime internationale ou OMI, une instance des Nations unies. La réunion se tient à l’occasion de la 72e session du Comité de la protection du milieu marin. Les représentants des États membres sont sur le point de prendre une décision historique pour la planète.
Car ils vont adopter une stratégie mondiale de réduction des gaz à effet de serre (GES) dans le transport maritime. L’objectif fixé est à la hauteur du défi : baisser d’au moins 50 %, par rapport à 2008, les émissions annuelles des navires à l’horizon 2050. Mais la finalité du projet va encore plus loin : les éliminer complètement.
Nous voici presque deux ans plus tard et l’OMI fait un premier point d’étape. Elle vient de publier sa Quatrième Étude sur les Gaz à Effet de Serre. La première depuis l’adoption de la stratégie initiale d’avril 2018. Bilan : les émissions de GES pourraient augmenter de 50 % d’ici 2050 par rapport au niveau de 2018. Un aveu d’échec pour la mission ?
À quel point les navires polluent-ils la planète ?
C’est le moment de revenir encore un peu en arrière… En 2012 pour être précis. Cette année-là, le transport maritime, qu’il s’agisse de transport de voyageurs ou de marchandises, émet 977 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Principalement du dioxyde carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O). En 2018, six ans plus tard, ce chiffre atteint 1076 millions de tonnes. Représentant ainsi 2,89 % des émissions mondiales liées à l’activité humaine.
Malgré tout, une bonne nouvelle vient éclairer le tableau : l’intensité carbone s’est améliorée ! L’intensité carbone, c’est le rapport entre les émissions de CO2 et la production d’une entreprise. Un (petit) bon point donc : les compagnies maritimes produisent de moins en moins de gaz à effet de serre, proportionnellement aux volumes transportés. Mais il y a un mais. Le rythme de la réduction de l’intensité carbone connait un ralentissement depuis 2012.
Et maintenant, retour vers le futur ! 2050. En quantité de GES émis, peu importe les scénarios, la tendance ne semble pas à la baisse. Au mieux, les émissions seront équivalentes à 2018, au pire, elles passeraient de 1000 millions de tonnes à 1500 millions de tonnes rejetées par les bateaux.
Comment rendre le transport maritime plus vert ?
Ces prévisions paraissent a priori peu réjouissantes pour la planète. Toutefois, des initiatives voient le jour pour tenter de faire basculer la balance du bon côté. Par exemple, des carburants de substitution sont en cours d’élaboration ou d’expérimentation pour faire avancer les navires avec des émissions faibles, voire nulles. Comme le gaz naturel liquéfié (GNL), gaz transformé sous forme liquide à très faible température. Ou le méthanol, alcool composé d’oxygène, de carbone et d’hydrogène. Ou même l’ammoniac liquide.
Autre solution envisagée : l’électrification. Un processus qui concerne plutôt les ports et les ferries. L’idée : créer des ports propres, suivant l’exemple de certaines villes d’Europe du Nord, comme Göteborg en Suède, Lübeck en Allemagne ou l’île danoise d’Ærø. Là-bas, un ferry électrifié fait l’aller-retour entre le continent et l’île plusieurs fois par jour. La solution de l’électrique, au moins sur de courtes distances, semble donc viable !
Et pour s’assurer que le virage soit pris à temps, l’OMI s’engage. Un colloque virtuel sur les combustibles à faible teneur en carbone a ainsi été organisé début févier. Le but : proposer une approche collaborative. La clé du succès pour le modérateur du colloque : « La décarbonisation des transports maritimes est l’affaire de tous et la coopération au sein de la communauté maritime et au-delà sera essentielle pour réussir ».
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