Les dauphins et les orques sauvages ont de quoi sauter de plaisir. La nouvelle loi contre la maltraitance animale limite grandement le risque de finir leur vie dans un delphinarium. Mais les cétacés déjà captifs doivent-ils se réjouir ?
Le 29 septembre 2020, l’annonce tombe comme une grande nouvelle pour les défenseurs du bien-être animal. Barbara Pompili, fraîchement nommée ministre de la Transition écologique, affirme sa volonté de mettre fin aux delphinariums. Une ambition qui se traduit par la rédaction d’une proposition de loi pour renforcer la lutte contre la maltraitance animale.
Après plusieurs navettes parlementaires, l’Assemblée nationale et le Sénat finissent pas s’entendre et votent la Loi contre la maltraitance animale, le 21 octobre dernier. Dès 2026, les parcs français seront ainsi dans l’interdiction totale de détenir des cétacés sauvages, dauphins ou orques, en captivité. Et par extension, les spectacles et la reproduction de ces espèces seront prohibés. Mais la question du devenir des animaux captifs continue d’alimenter le débat.
Pas de remise en liberté systématique
Si on prend l’exemple du Parc Astérix qui avait notifié dès le 25 janvier dernier, la fermeture de son delphinarium, la problématique était concrète : à cette date, le parc d’attractions comptait huit dauphins. Ces derniers devaient quitter les lieux dans le courant du premier trimestre 2021. Le hic : les cétacés ne seraiennt pas réintroduits dans leur milieu naturel, mais transférés dans des delphinariums européens « reconnus par les instances scientifiques et gouvernementales ». La raison était simple : ces animaux avaient vécu trop longtemps enfermés pour pouvoir rejoindre leurs compères sauvages.
Une question se pose donc légitimement aujourd’hui : la fin des delphinariums offre-t-elle un avenir meilleur aux mammifères marins jusqu’alors hébergés par les parcs animaliers ? Car si la décision protège effectivement les cétacés sauvages, qu’en est-il des individus qui ont vécu, voire sont nés, en captivité ? Et qui ne savent plus se défendre, ni chasser pour se nourrir…
Sanctuaire ou delphinarium, même combat ?
Comme les dauphins du Parc Astérix, les animaux des deux autres parcs dotés de delphinariums (Planète Sauvage et Marineland) ne seront pas tous libérés. Certains pourraient passer par des sites d’accueil temporaires, baptisés « refuges », dans l’optique de finir leurs jours en mer… Mais d’autres, dont l’état de santé ou le comportement sont jugés inadéquats, seront transférés dans des « sanctuaires », lieux d’accueil définitifs. Seuls ces refuges et sanctuaires seront donc autorisés à maintenir des cétacés captifs.
La loi offre une alternative aux deux delphinariums de France (4 orques et 21 dauphins), s’ils se convertissent à des programmes d’études qui seront labellisés par les différents ministères concernés, à savoir l’Environnement, la Recherche et la Mer. Il pourra s’agir de programmes de conservation d’espèces en voie d’extinction ou des protocoles permettant de limiter les échouages de dauphins. Ces programmes seront définis par le ministère de la Transition écologique. Le projet de loi prévoit que des démonstrations pourront avoir lieu afin de montrer l’avancée des recherches.
Certaines organisations de défense des animaux continuent des rester vigilantes aux solutions apportées par le gouvernement. À l’instar de l’association C’est Assez, qui même si elle reconnait l’avancée du texte sur la cause animale, s’inquiète de son application, comme le rapporte Le Figaro « s‘ils obtiennent l’agrément pour devenir centre de recherche, ils pourraient alors garder dauphins et orques, ce que nous ne voulons pas», estime t-elle. Sa présidente, Christine Grandjean souhaite que l’État réfléchisse dès maintenant au devenir de ces mammifères marins. .
Autre interrogation : la solution des delphinariums reconnus par les autorités européennes pourrait ne pas suffire, faute de place. Si c’est le cas, les dauphins ou les orques finiront-ils leur voyage dans des parcs à l’étranger qui n’appliqueraient pas une législation aussi stricte et favorable à leur bien-être. Le combat pour l’avenir des cétacés captifs est loin d’être terminé.
© t0m15 – stock.adobe.com