La catastrophe environnementale survenue en Inde suite à l’effondrement d’un glacier le 7 février dernier est révélatrice d’une grosse problématique liée à l’eau dans la région himalayenne.
Certains des plus grands fleuves du monde prennent leur source au cœur de l’Himalaya, sur les plateaux tibétains. C’est le cas notamment du Gange, du Brahmapoutre, de l’Indus, du Mékong et de la Salween. En irriguant pratiquement toute l’Asie du Sud-Est, ces cours d’eau alimentent ainsi plus de 2 milliards de personnes. Aujourd’hui, le plateau himalayen est la grande victime de l’Anthropocène.
Une gestion catastrophique des ressources en eau
La course aux barrages hydroélectriques entre la Chine et l’Inde constitue l’un des premiers facteurs de l’épuisement des réserves d’eau. Dans ces pays en développement, qui abritent environ 37 % de la population mondiale, les enjeux économiques priment sur les préoccupations écologiques. La construction intensive de barrages vise à contrôler le plateau himalayen et ses ressources hydriques.
L’autre facteur est la destruction des tourbières, ces réserves de carbone qui stabilisent les cycles climatiques et empêchent les inondations et la sécheresse. Depuis les années 1950, elles sont exploitées et disparaissent, ce qui fragilise l’équilibre environnemental et épuise les réserves d’eau.
Quant au noir de carbone, il est considéré comme responsable de l’effondrement de la couverture glaciaire himalayenne. Il est produit par la combustion du bois, du charbon thermique, du diesel et du fumier, matières premières très utilisées au Tibet.
Le début d’un cataclysme écologique
La rupture du glacier en Inde a provoqué une crue désastreuse pour les populations vivant à proximité du Gange. Cette catastrophe environnementale est certainement la première d’une longue série dans les pays voisins de l’Himalaya. La fonte des glaciers causée par la hausse des températures pourrait entrainer des glissements de terrain et inondations, pouvant parfois emporter des villages entiers. Comme en 2013, dans l’État d’Uttarakhand en Inde.
Selon l’International Center for Integrated Mountain Development (Icimod) de Katmandou, l’Himalaya pourrait perdre entre 40 et 60 % de ses réserves de glace d’ici 2100. Une estimation qui montre qu’au-delà d’un enjeu local, le sort de la chaîne de montagnes la plus haute du monde revêt une importance capitale pour l’ensemble de la planète.
Photo d’illustration ©Ashish Verma