Pour l’OMS, la qualité des services d’eau et d’assainissement joue un rôle central dans le phénomène croissant de résistance aux traitements antimicrobiens, qui rend la prise en charge des infections toujours plus complexe.
La résistance aux antimicrobiens, phénomène de plus en plus fréquent, représente une menace pour la santé humaine, animale et végétale. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a d’ailleurs saisi le problème à bras le corps et encourage les pouvoirs publics à mettre en place des programmes nationaux en la matière. Des pistes d’action sont ainsi répertoriées dans une note d’orientation publiée le 14 novembre.
Mais avant de parler solutions, plusieurs questions : la résistance aux antimicrobiens, c’est quoi ? Pourquoi faut-il la combattre ? Et surtout, quel est le rapport avec l’eau ?
La résistance aux antimicrobiens, c’est quoi et quel est le rapport avec l’eau ?
Les antimicrobiens sont les médicaments utilisés chez les humains, les animaux et les végétaux avec un double objectif : la prévention et le traitement des infections. Ils comprennent les antibiotiques qui s’attaquent aux bactéries, les antiviraux qui luttent contre les virus, les antifongiques qui ciblent les champignons et les antiparasitaires qui bloquent les parasites. La résistance survient lorsque les bactéries, virus, champignons ou parasites ciblés ont muté et ne sont plus affectés par l’action des traitements en question.
Alors comment arrive-t-on à une telle situation ? L’OMS pointe plusieurs facteurs aggravants. En premier lieu : l’usage excessif des médicaments.
L’absence d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène est également responsable car les agents pathogènes (facteurs qui causent une maladie) peuvent se transmettre par l’eau ou les boues. Lorsque le système d’assainissement n’est pas suffisamment efficace ou inexistant, le risque de contagion croît, ce qui augmente le besoin de médicaments antimicrobiens. Et plus ces traitements sont absorbés par un organisme, plus le risque de devenir résistant augmente. Autre possibilité : le rejet dans les eaux usées de matières fécales comprenant des traces des antimicrobiens qui peuvent alors être ingérés par d’autres individus si l’eau n’est pas correctement traitée. Un risque à prendre au sérieux : à l’échelle internationale, pas moins de 2 milliards de personnes utilisent régulièrement une source d’eau contaminée par des matières fécales, selon l’OMS.
Une menace globale et un impact économique certain
La menace est donc globale et présente des conséquences majeures. Non seulement parce que le phénomène rend la prise en charge de ces infections plus complexe, voire impossible dans certains cas, mais aussi car cela accroît le risque de propagation des infections, en plus d’accentuer la survenue de formes graves, ainsi que la mortalité.
Une situation qui inquiète d’autant plus l’OMS que le développement de nouveaux antimicrobiens n’avance pas suffisamment vite, alors qu’ils sont indispensables pour continuer à prendre en charge les infections malgré la résistance aux traitements existants.
Autre point d’attention : l’impact économique. La résistance aux antimicrobiens représente effectivement un surcoût certain pour les systèmes de santé, étant donné que les patients confrontés au phénomène passent plus de temps à l’hôpital et requièrent des soins plus intensifs et plus coûteux.
Face à cette situation alarmante, l’OMS affirme cependant que des mesures peuvent être adoptées par les gouvernements pour atténuer la menace. Et ce, dans différents secteurs, en particulier celui de l’eau. Il s’agit, par exemple, d’accroître les investissements dans les pays ne disposant pas encore d’un accès global à des services d’eau et d’assainissement, ou encore d’améliorer la qualité de l’eau potable en renforçant les mesures de contrôle et de traitement de la ressource.
© Nastya Dulhiier – Unsplash
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