Bien que les perspectives à court terme semblent peu favorables pour le tourisme international, les prévisions laissent percevoir un retour de la croissance et une place prépondérante dans les économies nationales de la zone de l’OCDE. Avec deux problématiques majeures à prendre en compte : la transformation numérique et la durabilité.
L’édition des Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE 2020, qui analyse la période 2018-2019, a mis en avant la nécessité d’instaurer des politiques intégrées pour que le tourisme, facteur clé de l’économie internationale et locale, profite à tous : populations, entreprises et territoires.
Une année 2019 record, mais des perspectives mitigées
Publié le 26 mai, le rapport, mené en collaboration avec l’Union européenne par le Centre pour l’entrepreunariat, les PME, les régions et les villes de l’OCDE (CFE), s’insère dans le cadre du programme du Comité du tourisme de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Il a vocation à mettre en lumière les performances de 51 pays membres et partenaires, mais aussi les orientations qui se détachent. Il fait office d’outil à destination de ces derniers, offrant accès à des éléments sur le tourisme interne ou encore l’économie touristique globale.
En premier lieu, le document aborde donc les tendances du tourisme qui continue à faire partie des principaux secteurs de l’économie mondiale. Dans la zone de l’OCDE, il représente 4,4 % du PIB en moyenne, 6,9 % de l’emploi et 21,5 % des exportations de services. En outre, en 2019, les chiffres dépassaient les prévisions. Avec 1,5 milliard d’arrivées de touristes internationaux, soit 3,8 % de plus que l’année précédente, le record est battu. 2019 symbolise ainsi la dixième année de croissance consécutive. D’ailleurs, les pays de l’OCDE occupent une place de choix : ils enregistrent plus de la moitié de ces arrivées et plus de 61 % des recettes engendrées par le voyage en 2018. Ce à quoi s’additionne le tourisme interne, qui représente en moyenne les trois quarts des dépenses touristiques. En outre, les 5 premières destinations mondiales restent la France, l’Espagne, les États-Unis, la Chine et l’Italie.
Cela étant, les auteurs tiennent à nuancer ces propos. Ils expliquent que les perspectives à court terme sont mitigées « sous l’effet notamment de l’incertitude économique et de chocs externes », à l’instar des problématiques sanitaires. La crise liée à la pandémie de COVID-19 confirme évidemment cette vision. Mais, selon le rapport, sur le long terme, la croissance devrait perdurer. Et les auteurs prédisent une place de plus en plus importante du tourisme dans les économies des pays de la zone OCDE.
Maximiser les bénéfices de l’activité touristique et maîtriser sa croissance
Deuxième aspect traité : les politiques publiques. Il se dégage de l’analyse du CFE une volonté des pouvoirs publics d’optimiser l’impact du tourisme d’un point de vue économique, environnemental et social du tourisme. De plus en plus de mesures sont ainsi adoptées pour contrôler la croissance du secteur. On pense notamment à la gestion de flux pour une meilleure répartition entre les zones surpeuplées et les espaces moins visités. Ou encore à la création de produits pour étendre la saison. Sont d’ailleurs félicités les moyens exploités par les pays, comme la modernisation des réglementations ou l’utilisation du numérique.
Dans ce contexte, deux problématiques émergent actuellement : la transformation numérique et le développement de politiques touristiques durables. Pour la première, une réflexion est préconisée pour étudier ou exploiter au mieux les solutions digitales, comme la réalité augmentée, la blockchain, l’intelligence artificielle ou encore le paiement mobile. Et ce, en garantissant la sécurité des consommateurs. Quant à l’aspect durable, il s’agirait d’assurer un meilleur partage des bénéfices du tourisme avec les populations locales.
Des recommandations pour l’avenir du tourisme
En conclusion, plusieurs recommandations, orientées vers les États, sont émises. Dans l’optique de privilégier des politiques « intégrées et tournées vers l’avenir », il faudrait, notamment, accentuer la coordination pour que l’exécution des programmes définis au niveau national soit appliquée de manière uniforme à l’échelle infra nationale. Pour ce faire, l’implication des populations et des entreprises semble inévitable.
En parallèle, en termes d’entrée croissante dans le monde numérique, un accompagnement des entreprises est prôné. Il s’agit, par exemple, d’impulser les investissements dans les technologies et dans l’innovation.
Enfin, dans l’objectif de croissance durable du tourisme, les pouvoirs publics doivent veiller à ce que les projets touristiques prennent en compte les stratégies de développement mises en place par les villes, les régions et même les gouvernements. En plus de cela, pour se diriger vers une économie « verte, décarbonée, résiliente face au changement climatique », le rapport déclare que la durabilité doit être au centre des préoccupations non seulement dans l’instauration de politiques touristiques, mais aussi dans les pratiques des professionnels.
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