Tandis que Make.org révèle les résultats de sa grande consultation citoyenne sur l’environnement qui a compté sur la participation d’un demi-million de Français, le gouvernement lance aujourd’hui un vaste plan d’investissements pour accompagner les TPE-PME dans leur conversion écologique.
À la question « Comment agir ensemble dès maintenant pour l’environnement ? », 540 000 personnes ont répondu dans le cadre de la consultation citoyenne organisée par la plateforme Make.org, dont les résultats ont été dévoilés le 4 juin dernier. Lancée dans le cadre de son programme triannuel Grande Cause « Agissons Ensemble pour l’Environnement », en partenariat avec près de 90 partenaires, parmi lesquels l’ADEME, Citeo ou encore le groupe Kering, elle s’est déroulée du 5 novembre 2019 au 15 février 2020 et a conduit à plus de 13 000 propositions enregistrées et 2,3 millions de votes. « Le niveau exceptionnel de participation à cette consultation, dans toutes les tranches d’âge et toutes les régions, démontre que nous avons réussi à sortir de l’entre-soi des acteurs déjà engagés et que l’environnement est bien un sujet majeur aux yeux des Français », indique Axel Dauchez, président de Make.org.
Il en ressort 13 grandes idées, réparties en 7 axes, qui ont fait l’objet d’un consensus général.
En finir avec le plastique jetable
Un premier axe concerne la gestion des déchets : limitation des emballages (qui constitue plus d’un quart des propositions émises) et amélioration des filières de recyclage sont des préoccupations majeures des Français, qui plaident également pour la fin du plastique à usage unique et une durabilité prolongée des produits.
En matière d’énergie, de ressources et de biodiversité, la lutte contre le gaspillage énergétique et des solutions alternatives sont aussi plébiscitées. Yoann Gimbert, ingénieur à Belfort, rappelant que le secteur résidentiel représente environ 20 % des émissions de CO2 en France, notamment à cause du chauffage et de la production d’eau chaude, propose ainsi de remplacer les énergies fossiles par « de la biomasse, des pompes à chaleur et du solaire thermique ». La végétalisation des espaces urbains et la reforestation des territoires passent par des programmes dédiés de plantations et de protection des forêts.
Pour une agriculture raisonnée
Il faut revenir à une agriculture locale, saisonnière, indique Make.org. Les propositions s’orientent vers les circuits courts, une consommation raisonnée, qui s’appuie sur un soutien de la filière dans la transition par des subventions ou des formations. Alice Cotte, directrice de la communication éditoriale de La Ruche qui dit Oui !, partenaire de la consultation, confirme que « pendant cette crise, l’approvisionnement alimentaire est remonté comme un sujet extrêmement stratégique, avec des ruptures de stock sur certains produits et un manque de débouchés pour les producteurs. Dans ce contexte, les circuits courts ont été largement plébiscités, car ils se sont révélés plus résilients : ils ont permis de contingenter les commandes, de réduire les distances entre lieux de production et de consommation, et de remettre de l’humain dans les achats, avec davantage de confiance dans l’origine des aliments et la prise en compte de l’impact social sur les producteurs ».
Un sujet à la fois divise et rassemble les participants, celui des transports. Si la plupart s’accordent pour développer des transports plus écologiques et limiter ceux qui polluent, en revanche, la question des voitures électriques ne fait pas l’unanimité et la limitation de la vitesse est l’objet de rejets.
Aider les entreprises à réussir leur transition écologique
Parmi les autres sujets d’accord des Français : l’amélioration de l’éducation à l’écologie et aux pratiques dès le plus jeune âge, notamment à l’école et la nécessité d’adopter la politique fiscale en fonction des pratiques environnementales des entreprises.
Une demande entendue et anticipée par le gouvernement qui a lancé, ce jour, 5 juin 2020, son plan d’accélération de la transition écologique des TPE-PME. Ce programme, présenté par la ministre Élisabeth Borne et élaboré avec Bpifrance et l’ADEME, s’articule autour de 3 axes : diagnostiquer, financer et accompagner la conversion écologique de ces entreprises, déclinés en 10 mesures. 250 millions d’euros sont mobilisés, dont 135 euros destinés à des prêts pour des économies d’énergie et 100 millions d’euros à « des prêts plus larges concernant des investissements verts de tous types, par exemple installation de bornes à vélos ou changement de machines ».
Les autres mesures comprennent notamment la mise en ligne d’un site internet qui proposera aux entreprises une autoévaluation en 15 min, complété par des services de consultance, pour un diagnostic plus poussé à un coût réduit. Également, Bpifrance mettra en place un label, Coq Vert, permettant l’identification des TPE-PME engagées dans le processus de transition écologique, réunies pour un partage d’expériences.