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Santé

#Coronavirus, la synthèse du Dr Postel-Vinay : les tests de dépistages

Par le Dr Nicolas Postel-Vinay
Hôpital européen Georges-Pompidou,
Fondateur du site automesure.com
automesure@orange.fr


Tests COVID-19 : comprendre leurs caractéristiques, indications et interprétations

La place et l’intérêt des tests du COVID-19 sont difficiles à comprendre pour plusieurs raisons : non seulement le contexte de surinformation apporte son lot de polémiques, mais aussi les connaissances scientifiques actuelles comportent encore des incertitudes. Pour y voir plus clair, il est d’abord essentiel de garder en tête qu’il existe différents types de tests, et qu’ils ne sont pas tous commercialisés à ce jour. Pour apporter un éclairage, les professeurs Joël Ménard, ancien directeur général de la Santé, et Patrice Degoulet mettent à disposition sur le site automesure.com des éléments pédagogiques. 

Ne pas confondre les deux types de tests : PCR et sérologiques

Les tests PCR (ou RT-PCR) recherchent la présence du virus dans le nez au moment du test, tandis que les tests sérologiques décèlent dans le sang les traces d’un contact passé avec le virus.

Dans le cas du COVID-19, les test PCR consistent à faire un prélèvement au moyen d’un long « coton-tige » (écouvillon) que l’on introduit bien au fond de la narine. Les tests sérologiques, quant à eux, permettent d’analyser un échantillon de sang. Ils sont de pratiques différentes et n’ont pas la même utilité.

  • Les examens de détection virale par RT-PCR (Real-Time Polymerase Chain Reaction) révèlent le virus dans les sécrétions nasales et les cellules nasopharyngées. Un test PCR est dit « positif » lorsqu’il retrouve la présence du virus et donne, dans ce cas, la quasi-certitude d’une infection par le COVID-19. Cela est vrai même si la personne n’a pas de symptômes (comme de la fièvre ou de la toux), car il existe des formes asymptomatiques de la maladie. 
  • Les tests sérologiques effectués à partir d’une prise de sang (ou d’une gouttelette de sang capillaire pour les autotests) recherchent des anticorps produits par l’organisme en réponse au virus. Ces anticorps apparaissent au bout de 5 à 20 jours après le début de l’infection. La fiabilité de ce type de test dépend de l’environnement dans lequel il est utilisé : en effet, les tests sérologiques donnent plus fréquemment de faux positifs lorsqu’ils sont pratiqués dans des zones où le virus circule peu. Des estimations de risques d’erreur (faux positifs, faux négatifs) suivant la prévalence de la population infectée sont données sur le site automesure.com. Notons qu’à la date de fin avril 2020 les tests sérologiques ne sont pas encore scientifiquement validés/homologués, ni disponibles à grande échelle. Cet état de fait (mondial et non pas propre à la France) participe à la confusion des informations sur les tests.

Tout n’est pas gravé dans le marbre

Dans son avis du 2 mai 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) précise que les indications des tests sérologiques sont susceptibles d’évoluer et que « mal utilisés, les tests pourraient induire en erreur les patients sur leur immunité. Un relâchement sur les mesures barrières et la distanciation sociale pourrait ainsi augmenter le risque d’une nouvelle vague épidémique. Ce qu’il faut à tout prix éviter ». C’est pourquoi, au 2 mai, la HAS ne recommande pas de recourir aux tests sérologiques chez certaines populations comme les professionnels qui ont continué d’être en contact avec le public ou chez les professionnels qui ont été confinés et vont reprendre une activité en présentiel. Le dépistage au sein de ces populations serait à l’avenir recommandé si les données scientifiques et épidémiologiques venaient à évoluer, notamment, s’il s’avérait qu’avoir rencontré le virus et développé certains anticorps conférait une immunité face au virus. Ces données seraient alors prises en compte et l’avis de la HAS revu très rapidement.

En quoi les tests sont-ils utiles ?

Les tests PCR (ou RT-PCR). Un test positif permet de limiter la contagion en proposant d’isoler le plus tôt possible les porteurs et leurs contacts. En revanche, il existe en proportion assez grande des faux négatifs. Les test PCR sont utiles chez :

  • les personnels de santé ayant été ou étant en contact avec des malades atteints du COVID-19 à l’hôpital ou en ville, les enseignants et les autres catégories professionnelles à haut risque ;
  • dans des lieux « confinés » dans lesquels des cas de COVID-19 ont été observés (Ehpad, prisons, bateaux…) ;
  • les personnes présentant des symptômes attribuables au COVID-19 ;
  • les personnes ayant été en contact rapproché avec des malades diagnostiqués porteurs du virus (à domicile ou au travail).

Les tests sérologiques (lorsqu’ils seront homologués et disponibles à grande échelle) sont indispensables pour effectuer les études épidémiologiques (surveillance des populations). Mais il faut connaître leurs limites à titre individuel, car ces tests sérologiques ne permettent pas de répondre aux questions : « Suis-je contagieux ? » ou encore « Suis-je protégé contre le COVID-19 ? ».

Et quid des certificats d’immunité ?

Une note de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) datée du 24 avril (Scientific Brief Note), indique que, selon la plupart des études, les personnes ayant guéri de l’infection virale ont des anticorps. Mais, pour l’heure, aucune étude n’a encore évalué si la détection des anticorps est toujours associée à une protection contre l’infection virale. Les tests sérologiques renseignent utilement sur le pourcentage des personnes porteuses d’anticorps, mais ne renseignent pas sur leur protection contre une seconde infection. Autrement dit, il n’y a pas de preuves suffisantes pour garantir une immunité par anticorps suffisante pour créer des « passeports d’immunité » ou des « certificats » d’absence de risque de contamination ou de contagiosité.

Cliquez-ici pour en savoir plus.

© Aquæ Panorama / Faust Favart

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