L’OMT lance un appel à l’action pour atténuer l’impact de la crise liée au COVID-19, tandis que la France déploie des premières mesures afin de favoriser le redressement du tourisme.
Alors qu’elle convoquait, le 19 mars dernier, un comité de crise rassemblant les principaux organismes des Nations unies, les présidents du Conseil exécutif et des commissions régionales de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et des dirigeants du secteur privé, l’OMT annonçait la parution d’un guide pour le redressement du tourisme mondial. C’est désormais chose faite avec la mise en ligne de 23 recommandations réunies au sein d’un document : « Soutenir l’emploi et l’économie grâce aux voyages et au tourisme ». Il s’agit de fournir aux pays « une liste récapitulative de mesures envisageables pour permettre à notre secteur de soutenir l’emploi et aider les entreprises à risque en ce moment précis. Atténuer l’impact sur l’emploi et la trésorerie, protéger les populations les plus vulnérables et préparer le redressement doivent être nos principales priorités », a déclaré le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, rappelant la nature évolutive du support, qui fera l’objet de mises à jour.
Le guide, qui se veut être un cadre pratique, classe les recommandations en 3 catégories : gestion de la crise et atténuation de l’impact, mesures de relance et accélération du redressement, préparation de l’avenir.
Gérer et atténuer l’impact de la crise
Les recommandations, dont l’OMT souligne le caractère « éminemment urgent », visent à maintenir les emplois, à soutenir les travailleurs indépendants, à assurer des liquidités, à promouvoir l’acquisition de compétences et à revoir les taxes et les redevances, ainsi que la réglementation des voyages et du tourisme. Ainsi, il faudra :
- fournir des incitations au maintien des emplois, soutenir l’activité des travailleurs indépendants et protéger les groupes les plus vulnérables ;
- supporter la trésorerie des entreprises ;
- réexaminer les taxes, les redevances, les droits et la réglementation ayant une incidence sur les transports et le tourisme ;
- assurer la protection des consommateurs et la confiance ;
- promouvoir l’acquisition de compétences, surtout de compétences numériques ;
- inclure le tourisme dans les dispositifs économiques d’urgence aux niveaux national, régional et mondial ;
- créer des mécanismes et des stratégies de gestion des crises.
Relancer et accélérer le redressement
Pour accélérer le redressement, l’OMT souligne la nécessité de redonner au tourisme une place centrale dans les plans nationaux d’actions. La relance doit bénéficier d’impulsions financières intégrant des politiques fiscales favorables, la levée de restrictions sur les voyages dès que la situation sanitaire le permettra et la mise en œuvre d’outils pour accroître la confiance des consommateurs. Ainsi, il faudra :
- fournir des incitations financières à l’investissement et à l’exploitation touristiques ;
- réexaminer les taxes, les redevances et la réglementation ayant une incidence sur les voyages et le tourisme ;
- faire progresser la facilitation des voyages ;
- promouvoir les nouveaux emplois et l’acquisition de compétences, en particulier numériques ;
- prendre en compte la durabilité environnementale dans les dispositifs de relance et de redressement ;
- connaître le marché et agir rapidement pour rétablir la confiance et stimuler la demande ;
- donner une impulsion au marketing, aux événements et aux réunions ;
- investir dans les partenariats ;
- faire une place au tourisme dans les programmes de redressement nationaux, régionaux et internationaux et dans l’aide au développement.
Préparer demain
Pour l’OMT, la crise et les actions qui en découleront sont l’occasion de s’engager dans une transition vers l’économie circulaire. Elle en appelle ainsi au renforcement de la résilience et à la promotion de la durabilité à tous les niveaux. Ainsi, il faudra :
- diversifier les marchés, les produits et les services ;
- investir dans les systèmes d’analyse des marchés et la transformation numérique ;
- renforcer la gouvernance du tourisme à tous les niveaux ;
- se préparer aux crises, améliorer la résilience et veiller à inclure le tourisme dans le mécanisme et les systèmes d’urgence nationaux ;
- investir dans le capital humain et la mise en valeur des talents ;
- inscrire solidement le tourisme durable parmi les priorités nationales ;
- passer à l’économie circulaire et s’approprier les Objectifs de développement durables.
La France mobilisée
Pour sa part, la France, première destination touristique mondiale, n’a pas attendu la publication des recommandations des instances internationales pour déployer un plan d’actions en faveur du secteur. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en charge du Tourisme, a fait le point mardi 31 mars dernier, à l’issue de la réunion hebdomadaire du comité de filière du tourisme.
Il a en particulier rappelé les mesures d’accompagnement économique prises par le gouvernement. Ainsi, sur les 4 milliards d’euros de demandes relatives au Prêt garanti par l’État, « 10 % (soit 400 millions d’euros) concernent le secteur du tourisme », selon Bpifrance. Cette dernière a par ailleurs mis en place le Prêt Atout destiné aux TPE, PME et ETI. Sur ce dispositif, « 2,3 milliards d’euros sont en cours d’instruction, 200 millions d’euros ont déjà été décaissés », a précisé le secrétaire d’État.
© Screenshot « Soutenir l’emploi et l’économie grâce aux voyages et au tourisme »