Par Dr Alain Marié,
Directeur médical du Quotidien du Médecin
En charge des informations médicales au Quotidien du Médecin, j’ai eu la chance d’assister à 50 ans de progrès et même à des révolutions thérapeutiques. Une médecine de plus en plus sophistiquée, performante.
Il est vrai que j’ai été aux premières loges pour voir se succéder des avancées majeures dans la plupart des disciplines : cardiologie, oncologie, maladies auto-immunes, de plus en plus de maladies rares… Comment oublier que le sida qui tuait en moins de deux ans est devenu une maladie chronique ? Que le pronostic de nombreux cancers, des hépatites B et C… a été bouleversé… Le décryptage du génome, l’essor des biothérapies… Comme tout le monde, j’ai célébré la croissance exponentielle d’une médecine scientifique, de mieux en mieux évaluée…
Pourtant, je n’ai jamais oublié les sermons de ma grand-mère qui, avant de passer à table, m’ordonnait de me
laver les mains. Je dois avouer que je n’ai pas réussi à perpétuer cette tradition dans ma descendance. Plus encore, aux yeux de beaucoup d’amis et de proches, j’apparaissais comme un maniaque, un phobique.
Sans doute parce que la célébration permanente du progrès avait conduit à l’oubli des traditions sanitaires, rangées avec les « recettes de grand-mères ». Nos générations avaient tout transformé et n’avaient rien à retenir de quelques siècles de médecine qui, en manque de médicaments, reposaient sur la prévention des contagions.
Et puis le coronavirus est apparu. Nos plus grands professeurs, nos gouvernants se succèdent à la télévision pour répéter les leçons de ma grand-mère… Quelle ironie…
La leçon est claire : le nouveau monde nous apporte des progrès considérables, sauf s’il nous conduit à oublier les fondamentaux de la santé publique. Celle-ci est un tout.
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