Le concours 2012 de l’International Genetically Engineered Machine Competition, qui s’est déroulé à Boston au mois de novembre, a été l’occasion de découvrir l’étendue des innovations attendues de la domestication des micro-organismes par les chercheurs.
Des bactéries modifiées dans les crèmes solaires qui diffuseront des films protecteurs sur la peau en fonction du taux de luminosité. Des micro-organismes destinés à la fabrication de l’isobutème, constituant de base de la pétrochimie pour produire des carburants et des plastiques. Des microbes synthétiques pour lutter contre la malaria et autres parasites dans les intestins des moustiques. Autant d’applications évoquées par les chercheurs lors de la présentation de leurs travaux relatifs à l’introduction de gènes synthétiques spécialisés dans le génome des micro-organismes.
D’ores et déjà, le Laboratoire Roche commercialise des médicaments biologiques sous la forme de cellules chargées d’apporter les molécules médicamenteuses au coeur des tumeurs sans se diffuser dans tout le corps et en fragiliser les parties saines. Chez Dupont, une bactérie de l’intestin humain, l’Escherichia coli, a été modifiée pour transformer du maïs en polyester, utilisé pour fabriquer de la moquette haut de gamme.
Il y a 20 ans, la première préoccupation des chercheurs était de s’affranchir du pétrole par la transformation en hydrocarbures de différents sucres contenus dans la paille, le bois et d’autres sources renouvelables. La société Global Bioenergie estime désormais que la production de kérosène par des micro-organismes modifiés sera rentable d’ici 5 ans.
Durant ces dernières années, le décodage du génome humain et le développement des technologies informatiques ont permis des avancées majeures dans la fabrication d’ADN de synthèse sur-mesure et à volonté. L’École Polytechnique Fédérale (EPF) de Zurich est à la pointe des recherches et s’attache à « maîtriser l’ingénierie des bactéries aussi bien que celles des ordinateurs ».
Restent le plus gros des risques biotechnologiques que représente la dissémination dans la nature de bactéries de synthèse susceptibles de contaminer les microorganismes naturels. Les chercheurs travaillent sur la création d’un nouvel être vivant minimal, donc mieux prévisible, dont l’ADN ne contiendrait que les fonctions nécessaires à sa survie et à son autoréplication, et sur lequel il serait possible de greffer les fonctions désirées avec de l’ADN synthétique. Une approche complémentaire envisage la création d’une nouvelle molécule pour fabriquer des gènes, l’AXN, dans laquelle l’une des bases de l’ADN, la thymine, a été remplacée par un composé toxique pour les organismes naturels.