La France est un état littoral, c’est indéniable. On pourrait même dire que c’est un pays marin : la zone maritime sur laquelle l’Hexagone est souverain atteint 15 fois la superficie de ses terres émergées… ce qui en fait une grande puissance maritime mondiale.
« La mer est un enjeu à la croisée de tous les enjeux : enjeu de la sécurité, enjeu économique, enjeu scientifique, enjeu environnemental. » Janvier 2021, Comité interministériel de la mer. Le Premier ministre Jean Castex l’affirme : le domaine maritime français doit occuper une place de choix dans les réflexions gouvernementales. Bénéficier d’orientations stratégiques qui lui soient propres et lui offrent l’opportunité de jouer un rôle dans la relance économique du pays.
Le domaine maritime, c’est quoi ?
La France fait partie des plus grandes puissances maritimes mondiales. Son domaine maritime englobe la zone économique exclusive et le plateau continental.
La deuxième zone économique exclusive du monde
S’il est bien un lieu où la France prend de la place, c’est la mer ! Et pour cause : la surface de la zone économique exclusive (ZEE) hexagonale s’élève à 10,2 millions de kilomètres carrés. Une zone économique exclusive est l’espace maritime sur lequel un état littoral possède des droits souverains, qu’il s’agisse d’exploration ou d’exploitation des ressources.
Ces 10,2 millions de kilomètres carrés intègrent les eaux intérieures et les mers territoriales. Pour remettre les choses en perspective, les terres émergées françaises représentent environ 675 000 km²… L’Hexagone se retrouve donc sur le podium des zones économiques exclusives de la planète, aux côtés des États-Unis et de l’Australie.
Un plateau continental en constante expansion
Mais ce n’est pas tout. À ces 10,2 millions de km² s’ajoute le plateau continental, c’est-à-dire les fonds marins à proximité des côtes. D’ailleurs, fait assez étonnant, ces éléments ne sont pas figés et les zones de souveraineté évoluent.
Début février, la France a ainsi étendu son domaine maritime sous-marin de 150 000 km² dans l’Océan indien. Une opération qui découle de la publication de deux décrets au Journal officiel et qui concerne spécifiquement les eaux au large des îles Saint-Paul et Amsterdam, et de la Réunion. Et l’État compte aller plus loin en réclamant 500 000 km² de plateau continental supplémentaires.
Mais comment de telles actions sont-elles possibles ? Grâce à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, dite de « Montego Bay ». Celle-ci autorise notamment les pays côtiers à revendiquer l’extension de leur plateau continental au-delà des limites de leurs ZEE sous certaines conditions.
Et concrètement, on fait quoi ?
En pratique, le « domaine maritime français » intègre plusieurs aspects. Les ports et donc le fret, les grands fonds marins et leurs ressources, les énergies marines renouvelables, et enfin la filière maritime et portuaire, c’est-à-dire la pêche, l’aquaculture et les industries de la mer.
Sur tous ces points, le Comité interministériel de la mer (CIMer) du mois de janvier a permis d’annoncer un certain nombre de décisions. Car, à l’image de la quasi-totalité de l’économie mondiale, ces filières sont affectées par la pandémie de COVID-19. Un plan de relance du secteur maritime a donc dû être élaboré.
Les ports
Ceux-ci héritent d’une stratégie nationale dédiée, qui impose notamment de doubler le nombre d’emplois en relation avec l’activité portuaire d’ici 2050. Autre décision, les trois ports dits « de l’axe Seine » (Le Havre, Rouen et Paris) fusionnent dans un établissement public unique. Ils profiteront d’ailleurs d’une enveloppe de 1,45 milliard d’euros d’ici 2027. Des mesures fiscales sont également envisagées pour accroître l’attractivité des zones portuaires.
Les grands fonds marins
Ici, plusieurs orientations. L’exploration, en premier lieu, pour mieux connaître les écosystèmes naturels. La protection ensuite, avec une stratégie d’aires protégées, et la sensibilisation à la préservation des océans. Mais aussi l’exploitation des ressources minérales, qui doit être optimisée grâce à la recherche.
Les énergies marines renouvelables
L’idée est d’atteindre le plein potentiel du territoire en matière d’éolien en mer. Pour cela, un projet de parc offshore sur une zone de 300 km² au large de l’île d’Oléron est notamment sur la table. Il doit être examiné par la Commission nationale du débat public, qui a pour mission d’intégrer les citoyens dans l’élaboration des projets d’aménagement de l’État.
La filière maritime et portuaire
Plus de 600 projets doivent être analysés pour participer à la reprise de la pêche et des industries de la mer. Ils portent sur la protection du littoral, la modernisation de la flotte avec des navires émettant moins de gaz à effet de serre, la modernisation des stations d’assainissement pour une meilleure qualité de l’eau qui arrive au littoral, etc.
Et la sécurité dans tout ça ?
Qui dit enjeux multiples, dit concurrence et opposition ? Potentiellement, si l’on en croit l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine, qui conseille notamment le Premier ministre concernant les opérations de l’État en mer. À l’occasion d’une interview avec le site Mer et Marine, celui-ci a affirmé que des menaces sérieuses étaient à craindre dans les eaux hexagonales.
« Des affrontements violents en mer sont possibles », explique-t-il. Des conflits visant à repousser la France seraient envisageables dans les régions où l’Hexagone est souverain. Ou dans des espaces conflictuels proches des territoires marins français, comme dans l’Océan indien. Mais aussi dans les zones où le pays est impliqué dans la lutte contre les trafics et la pêche illégale.
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