À bord d’un navire, au large des côtes réunionnaises, dans les eaux de l’océan Indien, vous approchez du mystérieux Mont La Pérouse. Vous scrutez l’horizon pendant de longues minutes. Rien à signaler. Et pour cause : son sommet se trouve à près de 60 mètres sous la surface.
Nous sommes au XVIIIe siècle, sous le règne de Louis XVI. L’explorateur français Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, s’apprête à faire une découverte qui va graver son nom dans l’Histoire à tout jamais. Direction le Pacifique à bord de La Boussole et de L’Astrolabe, deux navires de la flotte royale.
Une découverte inattendue
Pendant son expédition, qui a pour but de réaliser l’hydrographie marine des côtes américaines jusqu’aux côtes asiatiques, l’explorateur fait une trouvaille étonnante. Un mont sous-marin de 5000 mètres de hauteur totalement immergé ! Situé à 178 kilomètres au large de l’île de la Réunion, soit environ 90 miles marins, le Mont La Pérouse adopte donc le nom de celui qui l’a découvert. Mais se fait aussi appeler le « banc des 90 miles ».
En redescendant vers le sud, aux alentours de l’Australie et de la Nouvelle-Calédonie, La Pérouse disparait mystérieusement avec son équipage en février 1788. Une disparition qui reste encore inexpliquée…
Comment s’est formée cette montagne immergée ?
Mais la principale question reste la suivante : comment ce mont s’est-il retrouvé sous l’océan ? Pour le savoir, retournons 20 000 ans en arrière, quand le Mont La Pérouse n’était encore qu’une île volcanique. L’ère glaciaire est à son apogée, et la température reste fraîche même dans cette région tropicale. Ce qui n’est alors qu’un petit volcan au milieu de l’océan va subir un changement d’environnement soudain et irréversible.
La température extérieure augmente de 5 degrés, et le niveau de la mer de 1,20 mètre : impossible de rester à la surface dans ces conditions ! En l’espace d’un siècle, le volcan se retrouve enfoui dans les profondeurs de l’océan Indien. Balayé par les vents, les vagues et les tempêtes, son sommet s’aplatit pour désormais culminer à 60 mètres sous le niveau de la mer.
Aujourd’hui, c’est en plongeant que l’on peut apercevoir ce dôme de calcaire, qui est loin d’être solitaire ! Il cohabite en effet avec plus de 120 espèces marines qui profitent de ses sédiments volcaniques pour en faire leur maison… ou leur quatre-heures.
Les premières images du Mont La Pérouse
Bien que difficile d’accès, ce massif millénaire a reçu de la visite le 26 octobre dernier, ce qui n’était pas arrivé depuis 2016. Les visiteurs ? Le navire océanographique La Curieuse et son équipage ! À la tête de cette expédition : Laurent Ballesta. Le photographe naturaliste et les plongeurs d’Andromède Océanologie ont soumis notre montagne aquatique à une petite échographie.
Cette mission n’a pas été de tout repos… Il ne faudra pas moins de 9 plongées et des paliers de 4 heures et demie pour remonter des 140 mètres de profondeur atteints. Les sonars ont permis de recueillir des données sur la faune et la flore sous-marine, particulièrement riches en gorgones, éponges, étoiles de mer, poissons, coquillages (et crustacés…).
© Capture écran Expédition Gombessa