Selon le GIEC, les perspectives climatiques d’ici 2050 se traduiront en France par « des tensions plus fortes en matière d’accès à l’eau et de distribution des ressources ».
En juin 2019, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont mandaté le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) pour travailler sur la transition écologique de l’agriculture dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
Un rapport interministériel publié le 11 décembre dernier sur le site du ministère de l’Agriculture dévoile les résultats de cette enquête, réalisée par le biais du CGEDD (Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable) et du CGAAER (Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux). Le rapport explore les relations entre l’eau et l’agriculture sur le territoire français, à l’horizon 2050 et dans un contexte de changement climatique. L’objectif est de construire une conception commune des voies et des moyens d’adaptation de l’agriculture afin qu’elle puisse répondre aux besoins et aux enjeux des trente prochaines années.
Vers une transformation accélérée de l’agriculture
Suite à un état des lieux des possibles évolutions climatiques et environnementales ainsi que de leurs conséquences sur la ressource en eau, sept principales recommandations ont été données. Elles se présentent sous forme de « feuilles de route » comptant 23 sous-recommandations. Ces indications portent sur des pratiques de conservation du sol, notamment par la suppression des pesticides. Des « paniers de solutions » propres à chaque territoire seront activés sous l’impulsion de l’État et sous la tutelle d’organismes scientifiques.
Pour le CGEDD et le CGAAER, l’enjeu est d’adapter localement et le plus rapidement possible les méthodes d’agriculture, afin qu’elles soient plus appropriées au changement climatique imminent. Les stratégies proposées seront différentes en fonction des types de territoires et de leur propre gestion de l’eau. Le Ministère signale que ces nouveaux modèles agricoles plus économes devront être instaurés partout où cela est possible dans un respect du « renouvellement avec un renforcement de la ressource en eau ».
Une agroécologie totale : l’objectif de demain
Selon les deux organisations, la principale mission de ce programme est le développement de techniques innovantes de réutilisation des eaux usées traitées ou de recharge de nappe phréatique. Il s‘agit de « redynamiser la gestion territoriale de l’eau en renforçant l’efficacité des projets de territoire pour la gestion de l’eau », d’après le rapport. Les pratiques de conservation des sols seront promues afin qu’elles se massifient. Ainsi, les agriculteurs pourront ouvrir des contrats de « conversion climatique » et seront intégrés davantage dans les documents d’urbanisme des collectivités. Le rapport prévoit également d’instaurer des « études d’aménagements climatiques » sur le territoire.
Une connexion forte entre la recherche et « les agriculteurs innovants, les filières et le développement » est désormais primordiale afin que la transformation agricole soit massive et la précision des financements garantie.
Les ministères chargés de l’agriculture et de la transition écologique doivent d’ores et déjà s’entendre sur un discours commun en « favorisant une communication en direction des acteurs de l’eau, agricoles ou non, comme des consommateurs » pour présenter des réponses globales au changement climatique d’ici 2050. Des fonds et des aides de la PAC (Politique Agricole Commune) seront distribués aux agriculteurs qui s’engagent dans la « conversion climatique ».
Cette mission prévoit l’écriture d’une doctrine interministérielle s’appliquant aux domaines de l’eau et de l’agriculture pour assurer la synergie des mesures prises au sein des institutions agricoles et écologiques.
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