Célèbre pour ses représentations de gouttes d’eau, le peintre coréen, Kim Tschang-Yeul, s’est éteint le 5 janvier à l’âge de 91 ans. Traumatisé par la guerre de Corée (1950-1953), à laquelle il avait pris part en tant que soldat, il trouvait dans le sujet des gouttes d’eau un exutoire dont il fera son sujet tout au long de sa vie picturale. Incapable de rester dans son pays natal, trop habité par les démons de la guerre, il choisit la France comme terre d’accueil en 1970. Une période particulièrement prolifique, durant laquelle Kim Tschang-Yeul se consacra au sujet qui va le faire entrer dans la postérité : la goutte d’eau.
L’obsession de la goutte d’eau
Durant les quarante années que le peintre coréen passa à Palaiseau, en Essonne, il réalisa de nombreux tableaux figurant de manière hyperréaliste des gouttes d’eau.
De façon machinale, il répétait ce motif à l’envie sur des formats réduits ou plus monumentaux, le couchant sur toile, papier, journal ou bois, l’écrivant sous différents caractères, l’explorant inlassablement sous tous ces aspects.
Sa minutie, Kim Tschang-Yeul la tire de son étude photographique de son sujet, le prenant sous tous les angles, toutes les lumières et dans toutes les directions. Il parvint ainsi à une maîtrise infinie dans la représentation de la goutte, dans sa fluidité, ses reflets, son volume, sa transparence ; il a peint la goutte comme il a expurgé ses « blessures dans la chair humaine ». Cette obsession fut sa façon de se laver des atrocités vécues durant sa jeunesse, « une façon d’effacer son moi » que l’acte de répétition lui a permis d’assouvir.
Les œuvres de Kim Tschang-Yeul ont, depuis les années 1980, trouvé leur place dans le monde de l’art ; elles furent parmi les premières œuvres coréennes à être exposées à la Biennale de Paris en 1961. Puis, elles furent présentées à de nombreuses expositions dans des galeries ou des musées de renom, jusqu’à avoir leur propre musée à Jeju, en Corée du Sud, en 2016. Une exposition à Londres, en 2021, sera dédiée au peintre de la goutte d’eau, par la galerie Almine Rech qui le représentait.
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