2024. Depuis des mois, le Manta, bateau dévoreur de plastiques, navigue inlassablement dans les embouchures des grands fleuves à la recherche de déchets flottants à engloutir. Et cet immense catamaran nettoyeur de haute mer ne risque pas de manquer de nourriture : plus de 8 millions de tonnes de déchets plastique atterrissent (ou amerrissent ?) chaque année dans les mers du globe. Comme, en plus, il faut au moins 450 ans pour qu’une bouteille se dégrade, ces déchets s’accumulent encore et encore. Le navire a donc de quoi faire… En outre, le réchauffement climatique qui s’accélère lui donne toujours plus de travail : il augmente la fréquence des catastrophes climatiques ou naturelles, qui augmentent à leur tour la pollution des eaux de la planète.
En définitive, heureusement que le Manta a faim et n’est pas du genre paresseux, parce que pour absorber tous les déchets des océans, il y a du boulot. D’autant que le bateau ne se contente pas seulement de manger les plastiques : il les trie, les broie, les conditionne. Ensuite, soit il les stocke jusqu’à ce qu’une équipe terrestre prenne le relai pour les recycler ; soit il les convertit à bord en énergie qu’il utilise pour continuer à avancer.
Quand on repense à la quantité de déchets à traiter (8 millions de tonnes chaque année), la tâche peut sembler insurmontable. Toutefois, le Manta n’est pas seul dans sa mission ; il peut compter sur le soutien de toute une équipe d’humains à bord, mais aussi sur un attirail de machines (comme des collecteurs installés entre ses coques pour avaler plus facilement les déchets, des grues pour récupérer les plus gros débris dans l’eau, comme les filets ou les containers, ou encore un convertisseur de déchets en carburant).
D’ailleurs, il a du renfort pour avancer également. Le Manta est effectivement équipé d’une propulsion hybride. Celle-ci combine des groupes de propulsion à hélices (menés par des moteurs électriques) et des gréements (le matériel qui permet de manœuvrer les voiles) motorisés. Et pour fournir l’électricité nécessaire à ces engins, en plus de groupes électrogènes, le bateau s’appuie sur des équipements de production d’énergie renouvelable à bord : des éoliennes pour exploiter le vent, des panneaux photovoltaïques pour exploiter le Soleil, et des hydrogénérateurs, pour exploiter la mer. Le tout offrant au Manta une empreinte carbone minimale et une autonomie optimale.
2024. Quatre ans à peine. Tout cela peut ressembler à de la science-fiction, et pourtant le projet est bien réel. Porté par l’association The SeaCleaners, fondée par le navigateur écologiste Yvan Bourgnon, le programme Manta est en cours d’élaboration. La construction du bateau devrait débuter en 2022 et son lancement à la poursuite des déchets plastique est prévu pour 2023. Il se rendra alors dans les zones de la planète où la densité de déchets est la plus grande : les estuaires ou les embouchures des grands fleuves, a priori principalement en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Avant son départ, les espaces prioritaires seront d’ailleurs ciblés au moyen d’images satellites.
À partir de là, sa vocation sera de récolter les débris et plastiques, puis de les traiter en continu à bord. En parallèle, le Manta porte un autre objectif : la collecte de données. Des missions scientifiques seront menées afin d’accroître les connaissances sur la contamination des océans. Pour cela, des installations scientifiques seront mises en place sur le bateau pour géolocaliser les déchets, les quantifier et les caractériser. Des informations qui seront ensuite offertes à tous les scientifiques en Open Data. Et enfin, l’équipage mènera des actions de sensibilisation du grand public. Car l’objectif, finalement, c’est bien que le Manta se retrouve un jour au chômage technique…
© The Seacleaners
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[…] y también el más afectado por la contaminación: el océano. Recordad, habíamos conocido al Manta, un catamarán de limpieza que se preparaba para su gran cruzada de 2024. Este buque factoría, más del 75% autónomo, […]