Aujourd’hui, les résidents de la Crimée sont nombreux à vivre au rythme des coupures d’eau. Les réserves d’eau dans les réservoirs de Crimée ne sont pas suffisantes pour assurer un approvisionnement ininterrompu. L’eau est devenue le principal déficit de la péninsule après l’annexion russe en 2014.
Comment ?
Tout se joue avant que la Crimée ne tombe aux mains de la Russie : tout le nord du territoire était alors irrigué par le canal de Crimée du Nord ; un immense ouvrage d’infrastructure achevé sous l’époque soviétique en 1971 qui fournissait les eaux du Dniepr à toute cette région. Mais à la suite du conflit en 2014, l’Ukraine a décidé de réduire considérablement le débit d’eau qui passe par le canal, entraînant des épisodes de pénuries en Crimée auxquels la Russie ne parvient toujours pas à trouver de réponse adaptée. Cette année, une autre difficulté s’ajoute : les réserves en eau, déjà basses en 2019, n’ont pas pu se reconstituer avant l’été, traditionnellement chaud en Crimée.
Selon le centre hydrométéorologique de Crimée, 2020 s’annonce comme la plus sèche jamais enregistrée en 150 ans d’existence de mesures. Des conséquences considérables, autant dans la consommation d’eau potable, nécessaire à la population, que dans l’approvisionnement des terres agricoles de la région. Autre conséquence environnementale subie : l’utilisation des eaux souterraines pour compenser la perte des eaux du canal apporte la salinisation de l’eau et des sols, et pourrait entraîner des dommages irréversibles, selon les scientifiques, sur l’agriculture en Crimée.
Le gouvernement russe a réagi à la situation en octobre dernier, en votant un plan quadriennal de 530 M€. Ce plan prévoit notamment que 89 M€ soient consacrés à l’édification d’usines de désalinisation. Reste à savoir comment va s’opérer la mise en œuvre énergétique d’un tel plan dans un pays où les installations électriques sont en déficit…
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