Selon une étude canadienne, le SARS-CoV-2 pourrait passer de l’espèce humaine à des espèces aquatiques via les eaux usées, en particulier dans les régions où leur traitement n’est pas optimal…
Le COVID-19 pourrait-il se transmettre via les eaux usées aux mammifères marins ? Des chercheurs canadiens craignent cette éventualité.
15 espèces marines menacées d’extinction sensibles au COVID-19
Une étude de l’université Dalhousie, publiée fin octobre dans la revue Science of Total Environment sous la direction de Graham Dellaire, met en exergue la possibilité que la pandémie de coronavirus ait des répercussions au-delà de l’espèce humaine et que la faune marine puisse être atteinte.
En effet, même si aucun cas de telles contaminations n’est à déplorer pour l’instant, des mammifères aquatiques ont déjà été infectés par des coronavirus proches du SARS-CoV-2, en particulier des dauphins et des bélugas.
En approfondissant ses recherches, l’équipe a d’ailleurs pu identifier 15 espèces menacées particulièrement sensibles au COVID-19. Et ce, car les mammifères marins en question sont porteurs d’une protéine dont le virus a besoin pour attaquer les cellules. Des résultats d’autant plus alarmants que ces espèces sont par ailleurs menacées d’extinction.
Les eaux usées, vecteur de transmission de l’homme à l’animal ?
Se pose alors la problématique cruciale du mode de transmission. L’eau peut-elle être vecteur de transmission zoonique, c’est-à-dire de l’homme à l’animal ? Pour les scientifiques canadiens, pas de doute, la réponse est oui. Explications.
Premier point : si le COVID-19 est un virus majoritairement respiratoire, l’infection peut également atteindre d’autres organes. Pour un tiers des malades, l’infection entraînerait d’ailleurs une gastro-entérite. Pour ces cas précis, le virus peut donc être éliminé par les selles et les urines. Des traces se retrouvent alors potentiellement dans les eaux usées domestiques. Ce que confirment de nombreuses études, ainsi que la mise en place de plusieurs réseaux de surveillance des eaux usées pour suivre l’évolution de la pandémie, à l’instar d’Obépine en France ou de l’approche instaurée dans la ville d’Ottawa au Canada.
Limiter les contacts et surveiller les espèces à risque
Et si la présence du virus dans ces eaux ne semble pas suffisante pour présenter un risque particulier pour les humains, la dangerosité pourrait être différente pour les animaux marins. D’autant que le traitement des eaux usées n’est pas équivalent sur toute la planète. Les auteurs de l’étude citent l’exemple de certaines localités de l’Alaska dont les méthodes de gestion de la ressource pourraient s’avérer insuffisantes pour protéger ces espèces.
Au regard des conséquences d’une telle contamination à des mammifères menacés d’extinction, une plus grande prudence quant aux pratiques de traitement des eaux usées est de mise. Plusieurs autres approches sont possibles pour limiter les risques. Il s’agit, notamment, de limiter les contacts avec les populations captives dans les aquariums et les zoos. Des mesures qui ont d’ores et déjà été adoptées pour protéger les animaux terrestres sensibles vivant en captivité, à l’image des lions et des tigres, après la contamination d’un tigre au zoo du Bronx à New York (États-Unis). Autres possibilités : la vaccination ou encore l’utilisation de drones pour collecter des sécrétions de mammifères marins afin d’identifier les individus infectés.
© Flavio Gasperini – Unsplash