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Santé

Pandémie de COVID-19 : quel risque pour la qualité de l’eau ?


La Société hydrotechnique de France rappelle l’importance de l’eau dans les gestes barrières, fait le point sur la qualité de l’eau potable et rassure sur les risques de contamination par le biais de la ressource.

Comment la pandémie de COVID-19, et surtout les mesures de confinement, ont-elles affecté les services d’eau et d’assainissement en France ? C’est la question que s’est posée Carole Paplorey, déléguée générale de la Société hydrotechnique de France (SHF), à l’occasion d’une étude publiée en juillet dans la revue La Houille Blanche.

L’eau, ressource majeure pour les gestes barrières

Premier point : l’accès à l’eau revêt un rôle crucial dans la lutte contre le virus, car elle représente une ressource clé pour un des gestes barrières, à savoir le lavage des mains. C’est pourquoi la qualité de l’eau, potable ou non, a fait l’objet d’une attention particulière dès l’arrivée du virus sur le territoire hexagonal. Une cellule de crise a même été établie en ce sens et a opéré un suivi du cycle de l’eau tout au long de la crise sanitaire. 

D’autant que si la grande majorité de la population française a profité d’un accès continu à l’eau, des inégalités territoriales sont toutefois soulignées par l’auteur. Carole Paplorey prend ainsi l’exemple des squats et bidonvilles de métropole, dont la grande majorité n’a pas accès à l’eau potable (Évaluation du Programme national de médiation Sanitaire 2013-2016), ou encore des départements d’outre-mer, comme Mayotte, où l’accès à l’eau courante n’est pas garanti, ou encore la Guadeloupe, où des coupures d’eau surviennent régulièrement.

Focus sur la qualité et mesures préventives

Pour ce qui est de la continuité des services, celle-ci a été rendue possible par l’adoption d’un plan de continuité d’activité (PCA). Alors que la France était confinée, les services d’eaux ont continué à opérer. Cela étant, face à une réduction de leur activité et au regard de l’état d’urgence sanitaire, les règles ont bénéficié d’un adoucissement, en particulier concernant l’autosurveillance des systèmes d’assainissement. Par exemple, les mesures de la pollution qui doivent être menées chaque semaine dans les stations de traitement des eaux usées ont laissé place à un dispositif de contrôle par l’exploitant lui-même. La déléguée générale de la SHF alerte d’ailleurs sur la nécessité d’élaborer un plan gouvernemental spécifique de soutien à la filière.

En parallèle, les pouvoirs publics ont tenu à rassurer les consommateurs sur la qualité de la ressource par le biais de campagnes de communication. Ces opérations visaient non seulement à expliquer que l’eau n’était pas un vecteur reconnu de transmission du coronavirus, mais aussi que l’eau potable est l’un des produits alimentaires les plus régulièrement analysés. Malgré tout, des mesures de prévention ont été introduites afin de garantir la qualité de l’eau de consommation. Dans certaines villes, l’ARS (Agence régionale de santé) a ainsi imposé une hausse du dosage en chlore, dont l’une des propriétés est de détruire les bactéries et les virus. 

Inquiétudes concernant les eaux non potables

Dernier point : l’étude rappelle que les réseaux d’eau non potable ont eux aussi fait naître des inquiétudes. C’est le cas, par exemple, à Paris où la régie municipale eau a détecté, mi-avril, de faibles traces du COVID-19 dans des eaux destinées au nettoyage des rues ou encore à l’arrosage des jardins publics. Toutefois, cette présence s’avère naturelle : elle résulte de l’évacuation du virus par les selles des personnes contaminées. Et l’auteur indique que ces concentrations ne laissent pas supposer une dangerosité particulière, étant donné que le coronavirus se transmet en priorité par voie respiratoire. Par mesure de précaution, le Haut Conseil de la santé publique a cependant émis des recommandations invitant la population à utiliser des eaux propres à la consommation pour l’hygiène publique.

Autre point d’attention : les eaux des lacs, des rivières et côtières. Des milieux aquatiques scrutés par l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) qui a effectué des analyses sur des coquillages en Normandie, en Bretagne, sur la côte Atlantique, ainsi qu’en Méditerranée. Leurs résultats écartent les craintes : aucune trace du SARS-CoV-2 n’a été décelée dans les divers échantillons prélevés. 

Source : Paplorey C. 2020. L’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur le cycle de l’eau en France. La Houille Blanche : 82–85

© Claudio Schwarz Purzlbaum – Unsplash

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