Tandis que le réchauffement de la planète s’accélère, les catastrophes climatiques prennent de l’ampleur et la hausse du niveau des eaux pourrait engendrer 280 millions de réfugiés.
Le sujet revient sur la table à chaque pic de chaleur. Mais ses implications vont bien plus loin que des « températures au dessus des normales de saison ». Incendies, inondations, déplacement de population … le point sur le réchauffement climatique et ses conséquences.
Une accélération du réchauffement
En France, les températures dépassent les normales de saison depuis plus d’un an. Mi-septembre, les météorologues ont même constaté des zones à + 12°C au dessus de la moyenne. Ajoutez à cela les vagues de chaleur tardives…. mais aussi les incendies en Australie et en Amazonie ou encore les tempêtes tropicales … Car les scientifiques sont formels : le réchauffement climatique est en partie responsable de l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles.
Alors que le phénomène semble prendre de la vitesse, des climatologues américains de l’université de Californie se sont penchés sur la question. Ils ont donc analysé des milliers de sédiments récoltés dans les fonds marins, qui gardent en eux une trace du climat passé de la Terre. Ils ont ainsi pu remonter à 66 millions d’années. Leur conclusion est sans appel : la planète se réchauffe à une vitesse record. Et cela va au-delà des variations naturelles de climat, qui correspondent notamment aux évolutions de l’orbite de la Terre autour du Soleil. Celle-ci faisant varier la quantité d’énergie atteignant la surface du Globe.
Les travaux des chercheurs ont également abouti au constat que la majorité des transitions climatiques des dernières 66 millions d’années est imputable aux niveaux de gaz à effet de serre. Pour faire simple, plus il y a de carbone dans l’atmosphère, plus il fait chaud et inversement. Et les émissions de gaz à effet de serre sont largement accrues par l’activité humaine…
D’ailleurs, pour l’ONU (Organisation des nations unies), il est temps pour les gouvernements de passer à la vitesse supérieure pour limiter massivement ces émissions de CO2. Le secrétaire général de l’organisation, António Guterres, estime même que la situation climatique actuelle est le reflet du manque d’action : « Les conséquences de notre incapacité à faire face à l’urgence climatique sont partout : des vagues de chaleur record, des incendies de forêt dévastateurs, des inondations et des sécheresses » a-t-il déclaré ainsi début septembre. Avant d’appeler les États à prendre des mesures en faveur de la transition verte, comme l’arrêt des subventions à la prospection de combustibles fossiles. D’autant que pour atteindre l’ambitieux objectif de maintenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C (ce qui réduirait la quantité d’individus touchés par une pénurie d’eau de 50 %), il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 76 % chaque année. Les mesures doivent donc être prises rapidement.
Des effets majeurs sur l’eau, dans tous ses états
Car les effets du réchauffement climatique se font effectivement de plus en plus marquants, même si certains sont moins visibles, car moins immédiats pour les citoyens. C’est le cas, notamment, de l’impact sur le niveau de l’eau.
Indicateur de l’accélération du phénomène : un iceberg de 100 km² (plus grand que la ville de Paris) s’est récemment détaché de la banquise au Groenland. Une région dont la perte de glace aurait été multipliée par 7 en 20 ans pour atteindre un record en 2019 avec 532 milliards de tonnes de glace perdue. La fonte de la calotte glaciaire groenlandaise reste ainsi l’un des plus grandes causes de l’élévation du niveau de la mer, comme l’explique une étude menée par le glaciologue Ingo Sasgen publiée fin août.
Autre baromètre : la hausse du nombre de lacs glaciaires, dont la création résulte directement de la fonte des glaciers. Selon une étude publiée fin août dans la revue Nature climate change, le volume mondial de ces lacs aurait augmenté de 48 % entre 1990 et 2018. Ces étendues représentent certes une source d’eau douce, mais elles sont également une menace, au regard du risque d’inondations décuplé.
Dernier marqueur : l’accélération du cycle de l’eau. Ce mécanisme représente le passage de l’eau de l’océan à l’atmosphère (évaporation), de l’atmosphère à la terre (condensation et précipitations), puis de la terre à la mer (infiltration, ruissellement). Une circulation dont la cadence augmente du fait du réchauffement climatique, selon les travaux d’une équipe de recherche internationale publiée en septembre dans le Journal of Climate. Les implications pour la planète sont multiples : de plus en plus de sécheresse, mais aussi des précipitations plus importantes.
De plus en plus de déplacés climatiques
Une des conséquences les plus directes de ces changements est l’explosion du nombre de réfugiés climatiques. Selon le GIEC (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), 280 millions de personnes pourraient être déplacées d’ici 2050 à cause de l’élévation du niveau de l’eau.
En réponse à cette alerte, la Malaisie, qui serait particulièrement touchée à cause de sa situation géographique (le pays se trouve sur un archipel), a lancé un concours visant à concevoir des îles artificiels pour reloger les déplacés climatiques. Lauréat du challenge BiodiverCity, le cabinet danois BIG a imaginé des plateformes flottantes inspirées des nénuphars. Leur construction utiliserait du bambou, du bois malais et du béton vert. Et les îlots, qui fonctionneraient à l’énergie renouvelable, feraient la part belle aux modes de déplacements doux.