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Société

Le Sénat appelle l’État à renforcer les aides au tourisme


Exonération des cotisations sociales, chômage des saisonniers, aides au départ en vacances pour les séniors, gestion des flux touristiques, nomination d’un ministre du Tourisme… Les mesures avancées par la commission des Affaires économiques du Sénat pourraient permettre de dynamiser l’offre, la demande et les transitions écologique et numérique de la filière.

Le Sénat a établi 40 propositions en complément du plan Tourisme présenté le 14 mai dernier. Des recommandations mises au point par la cellule de veille, de contrôle et d’anticipation « Tourisme » de la commission des Affaires économiques.

Encourager la reprise de l’activité sur le long terme

L’objectif est de stimuler encore davantage les investissements nécessaires à la relance d’un secteur stratégique, particulièrement affecté par la crise sanitaire. Comme le confirme Michel Raison, l’un des sénateurs à l’origine de l’initiative : « La situation du tourisme est dramatique. C’est un choc d’une nature et d’une ampleur absolument inédites dans l’histoire du tourisme moderne. Le plan Tourisme du gouvernement va dans le bon sens. Mais il est encore insuffisant. C’est la survie à long terme de tout l’écosystème touristique qu’il s’agit d’assurer ».

Ainsi, la cellule « Tourisme » félicite les mesures adoptées par l’État, d’autant qu’elles s’inspirent en partie des suggestions qui avaient été transmises au secrétaire d’État en charge du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, fin avril. En revanche, les parlementaires émettent certains critiques. Par exemple, ils déplorent le manque de coordination entre la publication et la validation des protocoles sanitaires, certains professionnels ayant été contraints de rendre publiques des réglementations pas encore entérinées. Ils regrettent également la gestion des fermetures administratives ou encore l’absence d’organisation à l’échelle européenne concernant la réouverture des frontières.

Une volonté d’aller « au-delà » se dégage donc du rapport de la commission des Affaires économiques. Pour passer ce cap supplémentaire, les préconisations gravitent autour de trois axes majeurs : l’offre, la demande et les mutations du tourisme, à savoir écologique et numérique.

Lire aussi :  Comment le gouvernement prévoit de sauver le tourisme ?

Soutenir la trésorerie pour stimuler l’offre

Premier sujet mis en exergue : le soutien à l’offre, plus précisément à la trésorerie des professionnels et des collectivités. Dans cette optique, l’exonération des cotisations sociales pourrait notamment se prolonger après le mois de juin. Il s’agirait alors d’instaurer une « clause de retour à meilleure fortune » qui donnerait la possibilité aux pouvoirs publics d’encaisser ces sommes au cas où l’entreprise retrouverait son niveau d’activité initial. 

Autre action possible : la mise en place d’un crédit d’impôt sur les loyers des baux commerciaux, en s’inspirant de l’Italie, qui a initié un crédit de 60 % sur les baux pour les sociétés dont le chiffre d’affaires est inférieur à 5 millions d’euros et a connu une chute de 50 %. 

En parallèle, l’une des propositions phares montre une vision sur le long terme. Elle vise à instituer un prêt garanti par l’État (PGE) sur 15 à 25 ans afin de permettre aux entreprises, qui ne peuvent qu’éponger la crise, de réaliser des investissements. On retiendra aussi l’adoucissement des critères d’accès à l’indemnisation chômage pour les travailleurs saisonniers, en abaissant au minimum le nombre de mois d’activité.

Des mesures de soutien ciblées en vue des départs en vacances

Deuxième orientation : l’accroissement de la demande. L’idée est de faire en sorte, entre autres, que les plus défavorisés partent en vacances cet été. Sur ce point, trois mesures sont particulièrement mises en avant. 

D’une part, un dispositif exceptionnel d’aide au départ en vacances, jusqu’à 500 euros, passant par les chèques-vacances. En comparaison de l’Italie, qui prévoit de débloquer 2,4 milliards d’euros pour les ménages, les 25 millions annoncés par le gouvernement hexagonal sont insuffisants pour les auteurs du rapport. D’autre part, un soutien consacré à certains publics pourrait être envisagé. Par exemple, les jeunes seraient concernés par un « pass colo » universel. Les personnes âgées bénéficieraient, quant à elles, d’une accentuation du plan Séniors en vacances, développé par l’Agence nationale des chèques-vacances. Enfin, de la même manière que la SNCF promet de baisser ses prix pour la saison estivale, une diminution des tarifs autoroutiers est sollicitée.

Ce à quoi pourraient s’ajouter un allègement de la TVA applicable aux prestations touristiques ou encore de nouvelles dérogations concernant l’utilisation des titres-restaurants (limite géographique, contribution de l’employeur, etc.).

Lire aussi :  Plan tourisme : pour une filière consolidée et compétitive dès 2023

Prendre les virages numérique et écologique

Troisième et dernière direction : appuyer les transitions écologique et numérique. Pour commencer, une stratégie nationale doit être déterminée pour que la France devienne une destination durable. Des investissements sont alors à prévoir pour rénover les transports (aériens, terrestres, maritimes et fluviaux), les bâtiments et les infrastructures, c’est-à-dire les hébergements, les ports de plaisance, les canaux, etc. 

Un autre levier, l’organisation des flux touristiques sur le territoire, repose sur deux moyens privilégiés : les contrats de plan État-Région (CPER) et les contrats de destination. En France, 80 % du tourisme est concentré sur 20 % de l’espace. Il faudrait donc irriguer tous les territoires afin de se préserver des trop grandes concentrations préjudiciables pour l’environnement, la qualité de vie et l’expérience des visiteurs.

Par ailleurs, pour que le virage numérique soit négocié au mieux, un programme de formation des professionnels de la filière est à imaginer pour qu’ils maîtrisent les outils et les innovations à leur disposition. En outre, la plateforme DATAtourisme pourrait gagner en puissance en s’étendant vers les données privées.

L’emploi dans le secteur est également traité. Des échanges doivent s’engager sur la revalorisation de ces métiers et le statut de saisonnier.

Enfin, persuadée que, contrairement à une croyance répandue, le tourisme ne fonctionne pas tout seul, la cellule appelle de ses vœux la nomination d’un ministre du Tourisme de plein exercice qui serait épaulé par une direction d’administration centrale.

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