Favoriser l’hyper proximité et permettre à tous d’accéder à ses besoins essentiels en moins de 15 min à pied ou à vélo, telle est l’essence de la Ville du ¼ d’heure, qui veut améliorer la qualité de vie des habitants dans un cadre écologique préservé.
« Chacun aura son quart d’heure de célébrité ». L’expression prêtée à l’artiste de pop art Andy Warhol pour désigner un moment fugace de mise en avant médiatique que chaque personne connaîtrait dans sa vie est aujourd’hui connue de tous. Alors que la crise sanitaire conduit à repenser de nouveaux modèles de société, la notion de temporalité refait surface dans les réflexions menées autour de la transition urbaine : ce sont « la ville du ¼ d’heure » (en zone dense, urbaine) et « le territoire de la ½ heure » (en zone peu dense).
Satisfaire des fonctions sociales essentielles
Théorisé par Carlos Moreno, professeur associé à l’IAE de Paris – université Panthéon-Sorbonne, directeur scientifique de la chaire ETI « Entrepreneuriat, Territoire, Innovation », spécialisé dans l’étude des systèmes complexes et dans le développement des processus d’innovation, le concept tend vers l’aménagement de la vie urbaine plutôt que celui de la ville. L’objectif poursuivi : atteindre une haute qualité de vie sociétale, que le chercheur définit comme réunissant six fonctions sociales jugées primordiales, à savoir habiter dignement (logements, logements HQE, logements sociaux, parcs et espaces verts…), travailler dignement (emploi, proximité des transports…), être en mesure d’accéder à son bien-être (équipements sportifs, centres aquatiques et de bien-être…), s’approvisionner (marchés, commerces), apprendre (écoles, crèches…) et s’épanouir (cafés, restaurants, cinémas, associations…).
Pour y parvenir, la réponse à ces besoins doit être accessible, à pied ou à vélo, en moins d’un quart d’heure dans les aires à forte densité et en une demi-heure ailleurs.
Vers le polymorphisme des équipements
Le projet s’accompagne de plusieurs enjeux, tels que le développement du lien social ou la valorisation du territoire. Préservation des ressources naturelles, protection de la biodiversité, intégration de la dimension environnementale sont également des facteurs primordiaux qui s’intègrent dans la prise de conscience collective et la recherche de nouveaux modes de vie, plus inclusifs.
De manière concrète, la conception urbanistique et territoriale se traduit, par exemple, par des lieux ou des équipements polymorphes, c’est-à-dire d’usage multiple : la transformation d’un cinéma en espace de conférences, une rue qui n’est plus seulement une zone de circulation, mais un endroit de rencontres et de discussions, une école qui héberge un centre de santé en dehors des heures de cours, etc. C’est recréer des commerces de proximité, qui s’approvisionnent en circuit court. Cela peut aussi passer par la promotion d’initiatives de type fêtes des voisins, bourses d’échanges, services partagés…
Parmi les expériences internationales, Melbourne, en Australie, développe depuis 2 ans le principe de « quartiers de 20 minutes » où tout – commerces, écoles, parcs, médecins – est situé à 20 min à pied, à vélo ou en transports en commun.
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