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Société

Rapport sénatorial pour une alimentation durable en 2050


La délégation à la prospective du Sénat a présenté vingt recommandations pour un système alimentaire français conciliant santé et environnement, sans oublier une contrainte cruciale : l’accessibilité financière.

La tendance à une alimentation durable, donnant davantage de place à la santé, au bien-être, au soutien à l’économie locale et au respect du climat, prend de plus en plus de place, comme le montre la nouvelle stratégie de l’Union européenne, « De la fourche à la fourchette », présentée le 20 mai. À l’échelle hexagonale, une initiative illustre cette aspiration émergente. Un rapport d’information sur l’alimentation en 2050, fruit du travail de la délégation sénatoriale à la prospective, a été présenté jeudi 28 mai. Intitulé « Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental pour la France », il a été réalisé par Françoise Cartron et Jean-Luc Fichet, respectivement sénateurs de Gironde (33) et du Finistère (29).

Lire aussi :  L’Europe pionnière pour un système alimentaire durable et de qualité

Pour un système alimentaire du XXIe siècle durable et abordable

Les deux parlementaires sont partis du constat que la transition alimentaire opérée au XXe siècle ne s’inscrit pas dans la durabilité, ni en termes d’exploitation des ressources naturelles, ni au niveau des conséquences sur la santé, la biodiversité ou l’environnement. Malgré cela, une inclination à une nouvelle mutation des systèmes alimentaires semble poindre. Pour preuve : la chute de la consommation de viande observée depuis les années 1980, l’élan du bio ou encore l’apparition de nouveaux substituts aux protéines animales. Mais force est de constater que les habitudes alimentaires saines et durables coûtent cher et sont davantage adoptées par les plus aisés. 

La délégation à la prospective s’est donc attachée à trouver des solutions pour encourager l’essor d’une alimentation durable et abordable. Sa mission s’est concentrée sur deux axes majeurs : sobriété et végétalisation. Il s’agit ainsi, d’une part, de limiter le gaspillage alimentaire et, d’autre part, de mieux équilibrer la balance entre apports animaux et végétaux. Enfin, pour lever les obstacles économiques, il faudra commencer par modifier le message qui, pour l’instant, atteint peu les classes moyennes. En ce sens, des incitations financières pourraient être envisagées, par exemple. Vingt propositions ont émergé de ces réflexions, qui répondent à quatre enjeux.

  • « Un enjeu d’indépendance : remettre la sécurité d’approvisionnement au cœur des objectifs des politiques alimentaires ». Sur ce point, les recommandations portent sur la reterritorialisation de certaines productions afin de s’affranchir de l’importation. Ou encore sur la stimulation de projets alimentaires de territoire permettant d’accroître la consommation de produits locaux.
  • « Un enjeu écologique et économique : encourager le développement de la filière des légumineuses, clé de voûte de la transformation des systèmes alimentaires, pour accélérer la transition agro-écologique ». Si les légumineuses sont autant mises en avant, c’est parce qu’elles représentent, pour les auteurs, « une des clés de la transition alimentaire du XXIe siècle », en raison de leurs vertus nutritionnelles (apport protéique, fixation de l’azote, faible coût de revient, etc.). Outre un soutien à la production et à la promotion des légumineuses, il s’agit notamment de proposer un nouveau discours sur la consommation de produits animaux qui repose sur « en manger moins pour en manger mieux ». 
  • « Un enjeu social et culturel : diffuser les pratiques de consommation durable au-delà des milieux aisés ou diplômés grâce à un Programme national nutrition santé et environnement plaçant la lutte contre les inégalités au centre de ses objectifs ». Pour favoriser une alimentaire durable et saine, il est proposé d’interdire les produits présentant un Nutri-Score D ou E. Mais aussi de réguler encore davantage la publicité alimentaire. Ou encore d’instaurer des taxes sur certains aliments présentant une mauvaise qualité nutritionnelle, en suivant l’exemple de la taxe soda. 
  • « Un enjeu de santé : faire évoluer les dispositifs de recommandations nutritionnelles et de surveillance de la sécurité sanitaire des aliments ». Le rapport prône une évolution des politiques de santé pour passer d’un « accompagnement alimentaire ponctuel » à une éducation à l’alimentation durable qui traite toutes les composantes du bien manger, du processus d’achat à la préparation des repas. Les pouvoirs publics sont également invités à intégrer la dimension écologique dans les recommandations de bonnes pratiques alimentaires, en plus de l’aspect nutritionnel. Autre but : lutter contre la dénutrition des personnes âgées et des individus précaires. Ainsi que soutenir la recherche scientifique sur l’impact sur la santé des pesticides ou des additifs alimentaires.

Cliquez ici pour découvrir la synthèse du rapport « Vers une alimentation durable ».

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