En l’absence de consensus sur l’indemnisation des pertes d’exploitation, les représentants du secteur de l’hôtellerie et de la restauration exhortent le gouvernement à se saisir de la voie législative pour faire plier les assureurs.
L’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) dénonce, depuis le début de la crise sanitaire, le manque d’engagement des compagnies d’assurances. Quelques jours après qu’AXA a été condamné par le tribunal de commerce de Paris à indemniser les pertes d’exploitation d’un restaurateur parisien, l’organisation représentative constate une « situation de blocage » dans laquelle se trouve le secteur des cafetiers, hôteliers, restaurateurs et discothécaires (CHRD).
Roland Héguy, président confédéral de l’Umih, et Hervé Bécam, son vice-président, ont, le 25 mai dernier, interpellé le Premier ministre par un courrier, également adressé à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, pour condamner l’attitude de la Fédération française de l’Assurance (FFA), organisation qui rassemble plus de 260 sociétés, soit 99 % du marché. Ils dénoncent l’inaction des assureurs pour la mise en œuvre d’un accompagnement des entreprises, relevant que ceux-ci « opposent des refus catégoriques et quasi généralisés à la prise en charge des pertes d’exploitation pour fermeture administrative alors que les polices la prévoient ».
Dans l’hôtellerie et la restauration, la Banque publique d’investissement évaluait, le 11 mai dernier, cette perte dans une fourchette comprise entre 7,3 et 9,5 milliards d’euros selon les différentes projections de reprise, tandis que la FFA l’estime autour de 4 milliards d’euros, se fondant sur les seuls trois mois de fermeture administrative imposés par les pouvoirs publics.
Le 24 avril dernier, le président de la République avait incité les assureurs « à faire plus et à faire mieux » pour aider le secteur du tourisme à l’occasion d’une réunion consacrée à la filière, encourageant à la recherche d’une solution concertée, « faute de quoi », ajoutait Jean-Baptiste Lemoyne le 11 mai, « la voie législative serait une option sérieuse ».
Tout contact entre représentants des professionnels CHRD et des sociétés d’assurances étant aujourd’hui rompu, l’Umih en appelle à l’intervention de l’État, sinon « les acteurs du tourisme n’auront d’autre choix que de multiplier les contentieux pour faire respecter leurs droits et de se détourner progressivement vers des compagnies d’assurances françaises ».