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Société

Public et privé pourraient coopérer demain autour du bien commun


Au centre d’une mission lancée en octobre dernier par le gouvernement, les alliances stratégiques en territoire, dont les bases existent déjà, pourraient être une clé de la relance post crise sanitaire… et permettre d’avancer dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Alors qu’une majorité des Français estime que « jouer collectif » est la solution pour sortir de la crise sanitaire, selon une étude OpinionWay menée en mai 2020, la collaboration semble être le mot d’ordre dans tous les domaines. Si un modèle économique inédit pourrait voir le jour à l’aune de cette période critique, les alliances stratégiques en territoire entre associations, entreprises et collectivités sauraient y trouver leur place.

Elles sont justement au cœur d’une mission commanditée par le secrétaire d’État Gabriel Attal, dont les résultats ont été publiés le 7 mai dernier. Menés par la députée des Bouches-du-Rhône Cathy Racon-Bouzon et Charles-Benoît Heidsieck, président-fondateur du RAMEAU, un laboratoire d’innovation partenariale, ces travaux sont le fruit de l’implication d’une centaine de contributeurs pendant près de 6 mois. 

Ils soulignent l’importance de ces coopérations, non seulement pour sortir de la crise sanitaire, mais aussi pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU (Organisation des Nations unies) à l’horizon 2030. L’accent porte sur l’objectif 17, qui insiste sur les partenariats entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile, en particulier afin d’instaurer un programme de développement durable pérenne.

Valoriser l’existant

Des outils sont d’ores et déjà disponibles en France pour activer ces alliances. Le rapport de mission les met en exergue et insiste particulièrement sur l’idée de capitaliser sur ces méthodes, avant d’en créer de nouvelles : « La crise va être un accélérateur naturel, mais pour agir avec pertinence, il ne faudrait pas réinventer la ‘roue’. Il est urgent de s’appuyer sur ce qui a déjà fait ses preuves », affirment les auteurs.

En effet, 1,2 million de partenariats seraient actuellement en œuvre sur le territoire. Et ce, pour servir des objectifs variés allant de la performance économique à l’innovation, en passant par les ressources humaines.

En pratique, quatre typologies se démarquent :

  • le mécénat offre la possibilité à une association de bénéficier des ressources humaines, matérielles ou financières d’une entreprise le temps d’une mission ;
  • l’innovation sociétale, qui intervient en phase de R&D sociétale, permet de profiter de moyens et de compétences complémentaires. Elle repose notamment sur l’intervention de la Caisse des dépôts par le biais du cercle « Investisseurs sociétaux » ;
  • la coopération économique est un partenariat d’utilité sociale et propose d’associer les moyens ou les offres en phase de déploiement. Il s’agit, par exemple, de répondre en commun à un marché public ;  
  • les pratiques responsables, qui sont le fait d’entreprises effectuant des achats responsables, ayant recours au sponsoring ou encore participant à des démarches d’insertion par l’activité économique.

Quatre axes de travail pour élaborer le « Collective Impact à la française »

En combinant une valorisation de ces pratiques et l’expérimentation, l’atteinte des objectifs de développement durable serait davantage réalisable. Pour les rapporteurs de la mission, il s’agit de déployer une notion centrale, le « Collective Impact à la française ». Elle se trouve au cœur de quatre chantiers. 

  • Une plateforme grand public pourrait voir le jour et devenir le support de coordination et de promotion des dispositifs existants. Un espace BtoB serait également organisé à destination des professionnels. L’idée consisterait à mettre en réseau associations, acteurs économiques et citoyens, à recenser les actions d’intérêt général et à fournir des outils méthodologiques. En complément, des équipes pourraient être dédiées à l’animation des alliances en local.
  • Un plan d’investissement sur les territoires. Des moyens consacrés à l’émergence de projets partenariaux autour de la santé, de l’alimentation, de l’environnement, etc. Mais aussi au financement du développement de l’alliance ou encore de l’évaluation de son impact.
  • Un plan d’éducation et de formation initiale et continue. La formation à l’alliance et à la collaboration doit commencer dès l’école. Elle peut ensuite aboutir à la naissance de nouvelles compétences, notamment au management collaboratif dans l’enseignement supérieur. Enfin, au sein des entreprises, les collaborateurs doivent bénéficier d’une éducation aux pratiques de recrutement, à la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), etc.
  • La création d’un droit d’alliance. Ce cadre juridique doit être non contraignant et élaboré avec les acteurs. Il s’agit de présenter les éléments constitutifs (acteurs, périmètre d’action, dérogations possibles, etc.), de mettre au point une charte abordant les bonnes pratiques et les dérives à éviter et de proposer un contrat type.

Pour appuyer ces quatre orientations, 21 mesures d’ordre opérationnel, stratégique et politique sont préconisées. Parmi elles, la création d’un statut de « société de bien commun ». Ou encore le lancement d’une phase de recherche sur « l’hybridation des modèles socio-économiques ». Les services de l’État sont aussi invités à endosser un rôle de médiateur des alliances en territoire. Les auteurs proposent d’ailleurs d’organiser une conférence des alliances stratégiques.

Cliquez ici pour découvrir la synthèse du rapport de mission et les 21 mesures.

© Pixabay

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