Les 27 ministres européens du Tourisme se sont retrouvés virtuellement, lundi 27 avril, afin d’échanger sur les mesures d’atténuation adoptées face à la crise, ainsi que l’élaboration d’un programme de rétablissement de l’écosystème touristique, qui est l’un des plus touchés par la pandémie de coronavirus.
Voilà quinze jours que le FMI (Fonds monétaire international) produisait une note alertant de la vulnérabilité de certains États européens, comme l’Italie, la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Une vulnérabilité étroitement liée à leur dépendance à l’économie du tourisme estival qui ne devrait pas connaître le succès habituel, compte tenu de la crise sanitaire. À l’ouverture de la réunion virtuelle des ministres du Tourisme des 27 pays membre de l’Union européenne, tous avaient bien à l’esprit le contexte morose dans lequel l’ordre du jour allait se dérouler.
Première réaction, affirmer pour neuf d’entre eux – France, Malte, Chypre, Bulgarie, Italie, Grèce, Espagne, Portugal et Roumanie – « l’importance stratégique » du secteur touristique et s’engager pour tous dans la lutte contre l’impact du coronavirus sur la filière.
La Commission a ensuite présenté les mesures de soutien déjà prises, ainsi que la planification d’une réponse commune de l’UE pour le rétablissement de l’écosystème touristique. La parole a alors été donnée au commissaire européen pour le marché intérieur, Thierry Breton, afin qu’il présente les actions adoptées pour accompagner les professionnels du tourisme. Il a d’abord rappelé que l’impact sur l’ensemble de l’écosystème du tourisme – accueil, agences de voyages, voyagistes, compagnies aériennes et autres formes de transport – était « particulièrement dévastateur ». Les PME comptant parmi les plus fragilisées. Il a également contextualisé, précisant que l’OCDE prévoyait « un déclin de l’économie mondiale du tourisme pouvant atteindre 45 à 70 % ». Enfin, il a assuré que l’Union européenne mobilisait « tous les outils pour soutenir la réponse sur le terrain dans chaque État membre » et les a présentés sous la forme de quatre piliers : « la liquidité, la mobilité, la sécurité et une stratégie à long terme pour un secteur plus vert et plus numérique ».
Liquidité – Soutien financier et économique
Le commissaire français pour le marché intérieur a énoncé les mesures actuellement mises à disposition des États pour répondre à la crise, parmi elles :
- les montants inutilisés des Fonds structurels et d’investissement européens sont réorientés pour injecter des liquidités dans les entreprises les plus touchées, y compris dans le secteur du tourisme. Concrètement, Thierry Breton précise qu’il s’agit pour les autorités publiques de pouvoir déplacer « les allocations pour 2020 entre les fonds et les régions, de même qu’elles peuvent être utilisées là où elles sont le plus nécessaire, indépendamment des exigences habituelles de concentration thématique. Le cofinancement peut être temporairement porté à 100 % ».
- 1 milliard d’euros a été débloqué par la Commission « pour permettre au Fonds européen d’investissement d’émettre des garanties spéciales pour les financements disponibles jusqu’à 8 milliards d’euros, incitant les banques et autres prêteurs à fournir des liquidités à 100 000 PME et petites entreprises européennes de taille moyenne ».
- Une initiative temporaire baptisée SURE a été mise en place comme « Soutien à l’atténuation des risques de chômage en cas d’urgence ». Cette démarche doit permettre d’aider « les États membres à couvrir les coûts des régimes nationaux de chômage partiel grâce à une aide financière pouvant atteindre 100 milliards d’euros ».
Mobilité et sécurité
Un appel de la Commission a été lancé pour « coordonner les critères de réouverture des installations touristiques, telles que les hôtels, les restaurants ou les transports ». Indiquant que « la feuille de route européenne récemment adoptée en vue de la levée des mesures de confinement constitue la première étape ».
La garantie de la sécurité a également été mentionnée comme « essentielle » pour la reprise. En ce sens, la Commission devrait proposer prochainement des protocoles pour guider l’exploitation en toute sécurité des installations touristiques dans l’Union européenne. Des protocoles qui devront être partagés par tous selon « les mêmes principes, les mêmes mesures de sécurité et d’hygiène » de sorte à « rétablir la confiance et inciter les gens à voyager à nouveau lorsque le processus de déconfinement le permettra ».
Stratégie de relance – verte et numérique
La Commission entend que la stratégie de relance repose sur un changement des comportements favorable à la construction d’un « écosystème touristique plus résistant et plus durable en accélérant la transition verte et numérique ». À ce titre, un sommet européen devrait voir le jour, propice à la réorientation « vers un redémarrage durable et un avenir plus innovant et plus axé sur les données reste notre objectif à long terme ».
La France a réagi favorablement à cette réorientation du plan de relance européen et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du Tourisme, en a profité pour insister sur « la nécessité de promouvoir un nouveau modèle de tourisme, plus responsable et durable, conformément au Pacte vert pour l’Europe, et tirant parti de toutes les opportunités offertes par la transformation numérique ».
Et demain
Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur, a déclaré : « Nous aurons besoin de fonds sans précédent pour surmonter cette crise. Il est nécessaire de disposer d’un budget européen puissant afin de relancer la relance européenne et de rendre l’Union plus forte et plus résistante. Nous aurons besoin d’une action rapide, de pragmatisme et de créativité pour relancer et construire une industrie du tourisme résistante et durable. Mais par-dessus tout, cette crise appelle à la solidarité. Aucun pays ne peut surmonter cette crise seul ». Il s’est prononcé en faveur d’un « nouveau plan Marshall », doté « d’un budget communautaire puissant ».
Les ministres de l’UE ont exprimé un large soutien en faveur de mesures supplémentaires et d’une coordination renforcée au niveau de l’UE. Les ministres ont invité la Commission à travailler en priorité à une approche commune de l’UE qui facilite la liquidité et maintient un juste équilibre des intérêts entre les voyagistes et les consommateurs.
À cet égard, la Commission proposera des mesures pour aider davantage le secteur, avant la saison d’été. Parmi celles-ci, la Commission envisage des protocoles qui devraient guider l’exploitation en toute sécurité des installations touristiques dans toute l’UE.
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