À partir du 11 mai, la France appliquera une stratégie nationale de déconfinement qui s’appuiera sur une décentralisation par département et suivra un rythme progressif, adapté à la réalité de l’épidémie dans l’Hexagone.
Devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre Édouard Philippe a confirmé ce jour, mardi 28 avril, que la levée du confinement ne se fera pas de manière homogène dans toute la France : « La circulation du virus n’est pas uniforme dans le pays. Certains territoires connaissent aujourd’hui, après six semaines de confinement, un nombre quotidien significatif de nouveaux cas. Mais dans d’autres, le virus est quasiment absent. Cette circulation hétérogène du virus crée de fait des différences entre les territoires. Pour tous ceux qui, comme moi, croient au bon sens, il n’est pas inutile, il est même très nécessaire de prendre en compte ces différences dans la façon dont le confinement doit être organisé ».
Œuvrer avec les élus locaux et les préfets
Certaines mesures pourraient donc être levées graduellement selon les zones, en fonction de la dynamique de l’épidémie de coronavirus. Le Premier ministre a souligné devant les députés que la stratégie pour le déconfinement était fondée sur trois principes : « Vivre avec le virus, agir progressivement, adapter localement ».
Il a également précisé que, sur cette base, un « travail de concertation et d’adaptation du plan aux réalités de terrain » serait mis en place à partir du mercredi 29 avril : « Avec le coordonnateur interministériel Jean Castex, je rencontrerai dès demain les associations d’élus locaux et les préfets ». Il révèle aussi qu’il échangera le lendemain, jeudi 30 avril, avec « les partenaires sociaux pour engager ce travail de concertation et d’adaptation du plan aux réalités de terrain ».
Classement sanitaire par département
Le Premier ministre a par ailleurs indiqué qu’à partir de jeudi 30 avril serait présentée une carte des indicateurs, département par département. Cette tâche incombera au directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, qui en communiquera le classement. Cette classification départementale fera l’objet d’une réactualisation en fonction de la situation sanitaire : certains départements seront ainsi classés « verts », d’autres « rouges ». Trois critères seront étudiés le 7 mai pour déterminer dans quels départements « la circulation du virus reste active », « les capacités hospitalières en réanimation restent tendues » et « le système local de tests et de détection des cas contacts [n’est] pas suffisamment prêt », a expliqué le Premier ministre.
A titre d’exemple, les zones rurales, peu touchées par l’épidémie, ainsi que certains départements dans l’Ouest ou le Sud seraient donc a priori en « vert ». Tandis qu’à l’inverse, l’Est et l’Ile-de-France pourraient, selon ces mêmes critères, être classés en « zone rouge ». De nombreux élus et responsables économiques des zones moins densément peuplées que les grandes agglomérations françaises avaient fait entendre leurs voix afin que le gouvernement tranche dans le sens d’un traitement du déconfinement tenant compte de ses différences de propagation du virus.
Vie sociale
Tous les commerces, sauf les bars, les cafés et les restaurants, pourront rouvrir à partir du 11 mai. Il faudra « organiser les flux » et garantir des mesures de protection sanitaire, notamment le port du masque, recommandé pour le personnel et les clients si la distanciation est impossible, a annoncé Édouard Philippe.
Les marchés seront « en général autorisés », sauf décision contraire du maire. Les préfets pourront maintenir fermés les centres commerciaux de plus de 40 000 m2. Concernant les écoles, le Premier ministre a annoncé prévoir : « une réouverture très progressive des maternelles et écoles élémentaires à partir du 11 mai, partout sur le territoire et sur la base du volontariat. Dans un deuxième temps, à compter du 18 mai, mais seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible, nous pourrons envisager d’ouvrir les collèges, en commençant par la sixième et la cinquième. Nous déciderons fin mai si nous pouvons rouvrir les lycées, en commençant par les lycées professionnels, début juin ».
Les plages resteront également « inaccessibles au public, au moins jusqu’au 1er juin », ainsi que les parcs et les jardins qui, eux, « ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne circule pas de façon active ».
Une seconde phase à partir du 2 juin
La première phase du déconfinement s’étalera du 11 mai au 2 juin. À partir de là, une nouvelle étape s’ouvrira pour trois semaines, avec des mesures inédites, qui dépendront du niveau de l’épidémie. Fin mai, le gouvernement s’attaquera à la situation des cafés et des restaurants, puis s’interrogera sur les vacances.
« Je donne rendez-vous aux Français à la fin du mois de mai pour évaluer les conditions dans lesquelles nous organiserons une nouvelle phase de déconfinement et prendrons en particulier des décisions sur l’organisation des cafés, des restaurants, des vacances », a expliqué le Premier ministre, après avoir notamment annoncé la limitation des déplacements entre départements.
© Jacques Paquier CC BY 2.0 sur Flickr