Changer les habitudes de nettoyage des espaces publics et recourir à des désinfectants plus agressifs pour éliminer le virus ne sont pas la solution, affirment le Haut Conseil de la santé publique et l’Association scientifique européenne pour l’eau et la santé.
Alors que les études montrent que la persistance du coronavirus sur les différentes surfaces inertes peut être de quelques minutes, et même atteindre 9 jours sur du plastique, certains territoires ont choisi, en réponse à la pandémie, de procéder au décapage, au moyen de produits désinfectants, des voiries et du mobilier urbain.
Mandaté par le gouvernement, le Haut Conseil de la santé publique a rendu public, le 7 avril dernier, un avis sur l’opportunité d’un nettoyage spécifique de l’espace public dans le contexte de l’épidémie de COVID-19. Il s’appuie sur les expériences internationales et la littérature scientifique en la matière, ainsi que sur l’analyse des risques de contamination de la population par les espaces publics et de ceux liés à l’utilisation de produits détergents et désinfectants.
Soulignant l’absence d’argument scientifique sur l’efficacité des stratégies de désinfection particulière et rappelant la nécessité de l’application des mesures barrières (distanciation physique et hygiène des mains en cas de contact avec des surfaces de mobilier urbain), le HCSP recommande ainsi :
- de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie dans le contexte de l’épidémie actuelle ;
- de continuer d’assurer le nettoyage habituel des voiries et les nettoyage et désinfection à une fréquence plus régulière du mobilier urbain avec les équipements de protection habituels des professionnels ;
- de ne pas se servir d’appareils « pouvant souffler des poussières des sols », de type souffleurs de feuilles.
L’Association scientifique européenne pour l’eau et la santé (ASEES) rejoint l’avis du HCSP et déconseille aux autorités publiques de recourir à la désinfection des voiries avec de l’eau de Javel diluée. Pour ce faire, elle se réfère à une étude conduite par Claire Bertelli, du centre hospitalier universitaire de Lausanne, et publiée en octobre 2018, qui montre que l’emploi de l’eau de Javel « a pour conséquence de sélectionner des bactéries infectieuses dangereuses pour l’homme et, de fait, de favoriser leur développement ». Un autre argument, souligné par l’association, est le fait que ce produit libère du dichlore, un gaz corrosif et toxique, tant pour l’environnement que pour l’homme.
© Éole Wind – Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)