Le modèle de l’économiste Kate Raworth, qui vise à allier justice sociale et préservation environnementale, va, pour la première fois au monde, être appliqué à l’échelle locale pour relancer l’économie de la capitale des Pays-Bas.
Le conseil municipal d’Amsterdam a voté, le 15 avril dernier, la mise en œuvre d’un programme de reconstruction post coronavirus qui s’appuie sur le modèle économique dit du « Donut ». L’objectif de la démarche : sortir de la dépendance mondiale à la croissance économique et aux lois de l’offre et la demande pour établir un système vertueux où les besoins fondamentaux sont comblés dans les limites des moyens de la planète.
La théorie du Donut a été développée par l’économiste Kate Raworth, de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), et popularisée dans un ouvrage, La Théorie du Donut, l’économie de demain en 7 principes, paru en 2017. Elle porte une vision organisationnelle réorientant l’économie vers un modèle plus juste et durable, qui veille à la préservation de l’environnement.
Le concept se traduit en images par un diagramme constitué de plusieurs anneaux. L’anneau intérieur représente le « plancher social », c’est-à-dire les besoins vitaux pour assurer l’épanouissement des citoyens, tels que l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation, à l’égalité des sexes ou à une voix politique. En deçà de cette ligne, dans l’espace vide situé au milieu du « Donut » se trouvent les personnes dont les besoins essentiels ne sont pas assurés. Le cercle extérieur symbolise les limites planétaires au-delà desquelles l’équilibre environnemental est menacé et conduit à un changement climatique, à l’érosion de la biodiversité, à la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore, à l’épuisement des ressources d’eau douce et à une pollution chimique, entre autres. L’espace entre les deux anneaux permet le développement d’une économie inclusive et durable.
Le modèle de K. Raworth a ainsi été adapté pour être applicable à l’échelle de la capitale néerlandaise. Par exemple, il révèle que les besoins de ses résidents en logements sont de plus en plus insatisfaits : près de 20 % des locataires ne peuvent plus couvrir leurs besoins de base après avoir payé leur loyer et seulement 12 % des 60 000 demandes en ligne de logements sociaux sont prises en compte. Une solution pourrait être de construire plus d’habitations, mais le diagramme souligne que les émissions de dioxyde de carbone de la région sont 31 % supérieures aux niveaux de 1990, les importations de matériaux de construction, de produits alimentaires et de produits de consommation contribuant à 62 % des émissions totales. Les autorités locales prévoient ainsi de refaire évoluer leur réglementation en matière de construction afin de privilégier les matériaux recyclés et biosourcés, comme le bois.
« Le Donut ne nous apporte pas les réponses, mais une façon de voir les choses, afin que nous ne continuions pas dans les mêmes processus qu’avant », précise Marieke van Doorninck, adjointe au maire d’Amsterdam, dans un entretien à The Guardian.
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