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Société Tourisme

Comment éviter une année blanche au secteur du tourisme ?

Très durement touché par la crise sanitaire de coronavirus, le secteur du tourisme fait l’objet de toutes les attentions : gouvernementale, parlementaire, institutionnelle comme privée. Tous œuvrent à énoncer des scénarios de sortie de crise capables de répondre à l’enjeu économique et social induit par le déconfinement. 

Le secteur du tourisme représente en France près de 173 milliards d’euros, soit 7,4 % du PIB, 203 000 entreprises, tous secteurs confondus, et plus de 2 millions d’emplois directs et indirects. Considérée comme un moteur de l’économie française et des territoires, aussi bien ruraux, littoraux, montagnards ou urbains, cette filière est mise en danger par la crise du COVID-19. Afin de la soutenir, plusieurs mesures sont évoquées pour préserver, voire sauver, les entreprises et les activités qui la composent. Mot d’ordre général pour tous ceux qui discutent : éviter l’année blanche.

L’approche gouvernementale

Dans son discours du 13 avril, le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué l’instauration d’un plan spécifique « avec des annulations de charges et des aides spécifiques mises en place » Dans la foulée, et pour clarifier cette annonce, s’est tenue, le vendredi 17 avril, une conférence téléphonique entre le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le secrétaire d’État en charge du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, et des représentants d’organisations professionnelles, dont l’Umih (Union des métiers de l’industrie hôtelière) et le GNC (Groupement national des chaînes hôtelières).

Sur le plan social, il y a été question d’exonération des charges sociales et précisé que tout le secteur CHR serait concerné. Elles s’appliqueraient dès le mois de mars et pour les mois suivants, que les charges aient été payées ou pas dès le début du confinement. Le maintien du chômage partiel après le déconfinement a également été considéré comme une piste de réponse à la situation dégradée que subit le secteur. 

Sur le plan économique, un fonds de solidarité devrait être aménagé après le 11 mai qui s’adresserait plus largement au secteur puisque son accès serait ouvert aux entreprises de moins de 20 salariés avec un chiffre d’affaires pouvant aller jusqu’à 2 millions d’euros ; jusque-là, seules les sociétés de moins de 10 salariés et d’1 M€ de CA étaient concernées. Pour les loyers, un médiateur sera prochainement désigné pour superviser la demande de Bercy d’une remise de 3 mois aux grandes foncières.

Sur le plan sanitaire, Bruno Le Maire a confié à Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, la coordination du plan et des modalités de travail sur l’élaboration d’un protocole sanitaire pour la reprise d’activité, dont la date devrait être connue début mai. Des guides de bonnes pratiques sanitaires validés par la Direction générale du travail seront assortis à ce référentiel.

Des propositions de parlementaires 

Côté parlementaire, le groupe d’étude de l’Assemblée nationale, Valorisation des activités touristiques, s’est réuni, le 15 avril dernier, sous la coprésidence de Pascale Fontenel-Personne et Émilie Bonnivard, afin d’aborder des propositions de sortie pour chacun des segments de la filière Tourisme (hébergements, cafés, restaurants, casinos, plages/littoral, collectivités territoriales, etc.). 

Sur le plan social, les emplois saisonniers représentent près de 600 000 personnes dans le secteur du tourisme, en France. Pour faire face à la baisse d’embauches à la suite de la crise, il est proposé que ces emplois basculent vers des secteurs qui auront « besoin de main-d’œuvre, comme l’agriculture, favorisant la coopération interministérielle» 

Sur le plan économique, aux initiatives du gouvernement sur les loyers, l’annulation des charges, etc., pourrait être associé le « gel de la TVA pour l’année 2020, pour les opérateurs du secteur touristique, [ce qui permettrait] de l’étaler dans le temps ». Les établissements bancaires pourraient également être sollicités pour leur contribution à une « annulation de tous les frais bancaires pour les CHRD (notamment les terminaux de paiement) », tandis que les assureurs, de leur côté, annuleraient les « échéances et remboursement des échéances précédemment payées durant le confinement au motif que les CHRD ne [peuvent] accueillir du public ». 

Sur le plan sanitaire, comme le souhaite gouvernement, la mise en place d’un label sanitaire est encouragée. Sur la question de son application, les députés estiment que sous condition d’autorisation du préfet, voire de l’ARS, et en consultation avec les syndicats, « chaque professionnel de l’industrie touristique pourra fixer sa limite de capacité d’accueil en fonction de sa capacité maximale en temps normal ». Ce référentiel pourra également interdire la pratique d’activités ne répondant pas au respect des règles barrières de la distanciation sociale. 

Sur le plan de la communication, le budget dédié à la promotion des touristes internationaux via Atout France se verrait réattribuer à destination des Français. Cela afin de promouvoir des vacances de proximité cet été. Le concours d’opérateurs comme l’ANCV serait également mobilisé « pour l’aide au départ, ainsi que les ministères des solidarités par la voix du modèle VACAF ». Une initiative parlementaire devrait aussi voir le jour pour promouvoir la France comme destination de vacances, sous la forme de vidéos réalisées par chaque élu évoquant les attractivités de sa circonscription.

© Jouwen Wang – Unsplash

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