En se basant sur les tweets postés par les utilisateurs du réseau social, il serait possible de déterminer les zones à éviter en cas d’épidémie.
Chaque année, malgré les campagnes de vaccination auprès de certaines clientèles vulnérables, les épidémies sévissent et leur traçabilité n’est pas toujours évidente. Pour des chercheurs américains, le réseau social Twitter pourrait pallier cette lacune en l’utilisant comme un outil d’alerte épidémique. Si, jusqu’à présent, il était possible de déterminer la vitesse de propagation des certaines épidémies – comme la grippe – en analysant des mots clés, les données de géolocalisation permettraient également de connaître les centres névralgiques de celles-ci pour éviter d’être contaminé. Ces scientifiques de l’université de Rochester (New York) en ont fait la démonstration en 2010 en parvenant à déterminer le nombre de personnes infectées à partir de mots tels que grippe, rhume ou malade, et ont comptabilisé des chiffres correspondant à 95 % aux statistiques nationales.
Encouragés par ces résultats, ils ont alors, durant trois années, travaillé à la mise au point d’un algorithme capable de cartographier dans l’espace et dans le temps les lieux où les maladies sont les plus actives, le GermTracker, littéralement traqueur de germes. Cette application fonctionne selon un code couleur allant du vert au rouge et permettant de classer un individu en fonction de son état de santé, grâce aux informations et aux données GPS contenues dans leurs tweets. Ces personnes utilisant dans leurs tweets les termes « sick » (malade), « cold » (froid) ou « flu » (grippe) sont ainsi placées dans des cercles rouges sur une carte Google accessible à tous et permettant à chacun de savoir s’il se trouve dans une zone de contagion. Il est également possible de cliquer sur le rond de couleur pour lire le tweet et en apprécier le contenu pour décider par lui-même s’il est d’accord avec la classification opérée.
Au-delà de la simple décision individuelle de prendre telle rue ou tel transport public, les chercheurs avancent également que leur application peut servir à plus grande échelle aux gouvernements ou aux autorités locales pour essayer de comprendre le phénomène d’épidémie afin de mieux s’y préparer. D’autres collaborations sont en cours pour étendre GermTracker, notamment avec le département psychiatrie de l’université new-yorkaise pour surveiller et mesurer les facteurs qui influent sur la dépression et autres troubles psychologiques.