Mise en place en 2009 par le Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP – INSERM/Université Paris Sud/Université de Versailles Saint- Quentin-en-Yvelines) en partenariat avec l’Assurance maladie et la Caisse nationale d’Assurance vieillesse (CNAV), la cohorte « Constances » a officiellement été lancée le 8 mars 2013. Il s’agit d’une grande enquête épidémiologique et de santé publique française qui prévoit de rassembler un échantillon représentatif de 200 000 volontaires de 18 à 69 ans, consultants des Centres d’examens de santé (CES) de la Sécurité sociale, pour comprendre ce qui favorise le vieillissement, les maladies chroniques ou encore pour mieux recenser les risques professionnels, selon ses responsables.
Après une phase pilote au cours de laquelle 4 000 participants puis 14 000 volontaires ont été inclus, le projet va entrer dans une nouvelle phase de recrutement. Les parti- cipants, recrutés par tirage au sort, reçoivent une lettre leur proposant d’intégrer cette « cohorte ». À leur entrée dans ce groupe, ils bénéficient d’un bilan de santé complet dans les Centres d’examens de santé de la Sécurité sociale, qui sera répété tous les 5 ans. Ils répondent ensuite régulièrement à des questionnaires sur leur profession, leur mode de vie (alimentation, consommation d’alcool ou de tabac, sexualité…), leur état de santé et leur environnement.
Ces informations sont ensuite appariées avec les données de soins ou d’hospitalisa- tion de l’Assurance maladie et de la Cnav pour leur trajectoire professionnelle. L’ensemble des données est traité de façon confidentielle et protégée. Les volontaires seront invités, au fil du temps, à se représenter dans les centres d’examens.
Ce projet, coordonné par Marie Zins et labellisé par le programme des « Investis- sements d’avenir », est conçu comme un « laboratoire épidémiologique ouvert » pour la recherche française et internationale mais aussi comme un outil grâce auquel les responsables de la santé publique pourront disposer de sources d’information diversifiées sur la santé de la population, les facteurs de risque, le mode de recours au système de soins et de prévention et sur les trajectoires médicales, professionnelles et sociales des personnes. La création d’une « biobanque » est également envisagée à partir du stockage des échantillons d’urine et de sang prélevés sur la cohorte des volontaires.
Grâce à ce laboratoire « généraliste », de nombreux projets seront conduits, comme des tests qui permettront de mesurer les fonctions intellectuelles et la mémoire à partir de 45 ans ou encore des études sur le vieillissement et la maladie d’Alzheimer pour évaluer ces performances généralement à partir de 65 ans. Les données de géo- localisation permettront en outre de croiser les données de santé avec des carac- téristiques locales (pollution, antenne-relais de téléphonie mobile…). Des thèmes feront toutefois l’objet d’un suivi particulier : le vieillissement et les maladies chro- niques, les risques professionnels, la santé des femmes, les déterminants sociaux et les inégalités sociales. Enfin, Constances (CONSulTANts des Centres d’Examens de Santé) permettra de disposer d’informations qui font défaut en France (ou sont incomplètes) sur la vision, l’audition, la fonction respiratoire, l’obésité etc., le tout mesuré par des personnels spécialement formés.
Le financement sur 8 ans (de l’ordre de 158 millions d’euros) est pour l’essentiel apporté en nature par l’Assurance maladie (examens de santé…).