Une étude taiwanaise vient de mettre à jour le danger cardiovasculaire que peut représenter, pour les praticiens spas, l’inhalation prolongée d’huiles essentielles.
Publiée ce mois-ci dans la revue« European Journal of Preventative Cardiology », cette étude présente le travail de chercheurs taiwanais ayant mis au point une expérience qui visait à reproduire les conditions ordinaires de travail dans un espace bien-être. Dans une pièce fermée rappelant une cabine de soin, de l’huile essentielle de bergamote, un concentré d’extraits d’agrumes fréquemment utilisé dans les produits de l’aromathérapie, était libérée à l’aide d’un appareil à ultrasons. Cette vaporisation était effectuée pendant une heure avant l’entrée des 100 praticiens spa de Taipei qui ont accepté d’être associés à l’essai. Les participants ont ensuite été exposés à trois occasions (une fois par semaine) pendant deux heures à ce contexte olfactif. À chacune de leur visite, les chercheurs ont mesuré la fréquence cardiaque au repos, la pression artérielle systolique (PAS) et la pression artérielle diastolique (PAD). Les huiles essentielles sont constituées de substances de produits chimiques aromatiques s’évaporant facilement à température ambiante et qui, une fois diffusées, donnent des composés organiques volatils (COV). Leurs niveaux dans la pièce ont également été observés tout au long de la période d’étude.
Risque cardiovasculaire
Entre 15 et 60 minutes après le début de l’exposition, le niveau de COV était significativement associé à une diminution, d’une part, de la pression artérielle systolique qui avait chuté de 1,10 mmHg et, d’autre part, de la fréquence cardiaque qui affichait 2,21 battements par minute. Des résultats qui confirment ce qui avait déjà été mis en exergue dans d’autres études démontrant que l’inhalation d’huiles essentielles agissait positivement sur le stress. Cependant, après 75 à 120 minutes, l’effet inverse a été constaté par les chercheurs. La tension artérielle systolique est non seulement revenue à ses niveaux de base, mais elle a augmenté d’environ 2,19 mmHg, et les pulsations cardiaques étaient plus hautes de 1,70 battement par minute que le niveau de départ. Ainsi, écrivent les auteurs, « une exposition prolongée de plus d’une heure aux huiles essentielles pourrait être nocive pour la santé cardiovasculaire des sujets jeunes et en bonne santé. » Ils expliquent que le danger réside dans le fait de respirer des COV qui représentent une sorte de pollution de l’air intérieur pouvant irriter les yeux, la gorge et les poumons. Celle-ci augmenterait l’inflammation dans le corps et altérerait le fonctionnement du système nerveux, ayant pour conséquence d’affecter la santé cardiaque.
Des résultats à confirmer
Cependant, il faudra d’autres études pour confirmer ces résultats. « Alors qu’une tension artérielle et un rythme cardiaque élevés sont des marqueurs de maladie cardiovasculaire, on ne sait pas avec certitude si des petites fluctuations à court terme de ces mesures pourraient conduire à des problèmes de cœur », avancent les chercheurs. En outre, étant donné qu’ils ont mesuré les niveaux totaux de composés volatils, d’autres substances présentes dans l’air avec ceux des vapeurs d’huiles elles-mêmes ont pu influencer les résultats. Pamela Dalton, chercheur scientifique au centre Monell de la chimie des sens à Philadelphie, en Pennsylvanie (USA), a fait remarquer que l’étude comporte plusieurs failles qui affaiblissent ses conclusions, notamment qu’elle ne comprenait pas de groupe témoin.
L’étude sur http://cpr.sagepub.com