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Santé

La chimie bleue donne naissance à la roscovitine

La chimie bleue, transposition du terme anglais Blue technologie, regroupe l’ensemble des concepts de la chimie verte appliqués aux productions marines.

De très  nombreuses lignées génétiques marines n’ont pas évolué sur le plan terrestre et, de fait, ce sont plus de 10 000 structures chimiques jusqu’alors inconnues qui ont été découvertes au fond de la mer depuis 1970, date des premières publications. Et les investigations ne font que commencer tellement le champ des recherches est immense. Par exemple, le seul plancton, source de découvertes potentielles particulièrement importantes, compte plus de 40 000 espèces de micro-organismes.

Les alginates sont des gélifiants utilisés depuis longtemps dans les fabrications industrielles de crèmes, notamment des glaces. Des oméga 3 sont extraits depuis longtemps de poissons gras et plus récemment du krill, crevettes minuscules dont se nourrissent les baleines à fanons. Différentes algues sont utilisées depuis plusieurs décennies dans les spas marins notamment ceux d’Algotherm. Les extraits de fucus sont connus en cosmétique pour leur action drainante et émolliente. L’alariaesculenta stimule la production de collagène de la peau. L’Himanthalia Elongataa des propriétés anti-oxydantes et assainissantes. Pelvetia Canaliculata aiderait àcompenser des déficits hormonaux.Lithothamne a une action reminéralisante et exfoliante. Ou encore, Chondrus Crispusqui a le pouvoir de préserver le film de la peau. Et bien d’autres modèles sont à l’étude.

Les laboratoires de la côte atlantique sont à la pointe de la recherche dans le domaine du bio mimétisme moléculaire marin. Il s’agit de parvenir à reproduire les structures fabriquées naturellement par certains organismes pour se protéger, et qui pourraient jouer un rôle inédit dans l’évolution des traitements médicamenteux et des soins cosmétiques.

Ainsi, le docteur Laurent Meijer, président et directeur scientifique de ManRos Therapeutics basé à Roscoff, en est désormais à la phase II (dosages) de tests sur sa roscovitine, ou Seliclib, un inhibiteur des protéines kinases qui jouent un rôle d’activateur dans le processus de prolifération cellulaire propre au cancer.La molécule, obtenue à partir d’oeufs d’étoile de mer, est étudiée sur les tumeurs du poumon, du pharynx et du sein.Également,

Virginie Pasquet, biochimiste au sein du laboratoire Littoral, environnement et société de La Rochelle, a isolé dans des micro-algues un pigment caroténoïde capable de réactiver le cycle de mort cellulaire.

Autre cas, celui de la poudre de Yondélis, extraite d’un tunicier, famille d’organismes filtreurs invertébrés, qui est prescrite depuis 2008 pour limiter le développement des cancers des tissus mous et des ovaires.

Enfin, la Bryostatine 1, mise au point à partir de petits vers, les bryozoaires,est testée sur le pancréas, les reins et sur les mélanomes.Parallèlement, l’équipe de Thierry Benvegnu, de l’École nationale de chimie de Rennes, cherche à copier les membranes cellulaires de certains organismes extrêmophiles des fonds marins pour enrober les molécules médicamenteuses et leur permettre de résister aux conditions extrêmement acides de l’estomac des patients.

Rejoignant la chimie verte et ses trésors cachés dans les forêts tropicales, la chimie bleue s’enrichit sans cesse de nouvelles connaissances dont les applications potentielles devraient se diffuser dans tous les secteurs de la santé et des soins.

 

 

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